Agriculture

« L’objectif cette année est de former au moins 500 jeunes à cause de la pandémie de coronavirus » Monsieur Roland Amougou Etogo, Directeur de l’école pratique d’agriculture de Binguela (Epab)

Monsieur le directeur quelle présentation faites vous  l’école pratique d’agriculture de Binguela ?

Je vous remercie pour l’intérêt que vous accordez à notre école. L’école pratique d’agriculture de Binguela en abrégée Epab est une structure de l’Etat sous la tutelle de la chambre d’agriculture des pêches, de l’élevage  et des forêts du Cameroun, c’est une unité opérationnelle de cette chambre. Et comme le nom l’indique, notre objectif est de donner le savoir faire à tous ceux qui veulent s’essayer dans le domaine agrosylvo-pastoral. Pouvoir développer l’entrepreneuriat dans ce même domaine. Comme principale activité, nous avons la formation pratique à 80%. Cette formation s’adresse aux personnes qui veulent acquérir un savoir-faire spécifique. Notre deuxième grande activité est l’incubation c’est-à-dire les gens qui ont des idées  de projet, nous les permettons de les affiner, faire les études de faisabilité, d’acquérir les compétences périphériques qui peuvent les permettre de gérer leur entreprise et enfin de créer cette entreprise. Nous avons également lié à cette incubation la mise à niveau des entreprises agrosylvo-pastoral ce qui veut dire que quelqu’un à une entreprise en difficulté, il se rapproche de nous, nous faisons un diagnostic et nous adoptons un plan de mise à niveau. Ceci peut concerner la technique, le marché c’est-à-dire connaitre le marché. Nous avons des branches à Dimako qui est opérationnelle depuis 4 ans, Garoua qui est en train de se mettre en place, nous sommes basés à Garoua 1er où l’Etat nous a donné un domaine de 50 hectares et dans les jours à venir nous serons dans le Sud dans la vallée du Ntem parce que cette zone constitue un très grand bassin potentiel de production agropastorale avec à la clé un marché transfrontalier important. Ces lieux constituent les centres techniques c’est-à-dire des annexes.

Quels sont les objectifs pour l’année 2020 ?

L’année dernière nous avons formé 1172 jeunes. Ainsi, l’objectif de cette année reste presque le même. Malgré cette pandémie de coronavirus qui est venue tout arrêter, nous espérons faire la moitié de ce chiffre cette année à savoir 500, avec le lancement de la rentrée dans quelques jours.  Pour ce faire, nous allons développer la stratégie de la formation itinérante. C’est-à-dire que c’est nous qui allons partir vers les apprenants dans leur localité car ici nous sommes obligés de réduire le nombre de formation sur site. Les mesures de distanciation sociale obligent. Nous allons les former sur le terrain en petit groupe dans leur département ou dans leur arrondissement.  Nous sommes un peu désolés car nous avions déjà pris l’envol et nous comptions former plus que l’année dernière avec l’introduction des annexes.

Quelles sont les dispositions que vous avez prises pour la reprise de cours ?

La chance que nous ayons ici ce que nos formations sont essentiellement sur le terrain. Nous sommes dans un domaine de plus de 100 hectares. Généralement sur le terrain, le contact n’est pas rapproché et comme je l’ai dit nos formations sont à 80 % pratiques. Ce que nous avons fait c’est l’installation des stations de lavage des mains, nous avons des thermo flash, nous prônons le port obligatoire du masque de protection. Nous allons alterner pendant que certains font cours d’autres sont sur le terrain pour la pratique. Ne nous pouvons que suivre de manière rigoureuse les recommandations de l’Etat.

Que deviennent les apprenants après la formation ?

Nous avons ici une cellule de suivi et pour les jeunes qui sont en incubation pour leur projet, ce suivi est automatique. Pour ceux qui ont créé des entreprises, nous avons le devoir de continuer à les accompagner. Nous avons également une cellule de placement ce qui veut dire que nous permettons aux entrepreneurs qui ont besoin de personnels de pouvoir les avoir à travers ceux qui passent par notre école et les autres qui ont reçu une formation professionnelle en agriculture. L’année dernière, nous avons inséré une cinquantaine de jeunes. Ceci parce que la plupart des jeunes qui arrivent ont déjà leur projet ou un endroit où travailler après leur formation. Nous nous occupons de la partie marginale qui n’arrive pas à s’insérer après.

Comment se passe l’aspect partenariat ?

Nous avons un cahier de charges avec chaque partenaire. Pour l’incubation nous sommes en partenariat par exemple avec le programme PA jeunes qui financent les jeunes. Nous formons nous encadrons, nous emmenons les jeunes à avoir un business banquable. Et surtout la mise en place de ces entreprises. Nous avons l’incubation interne qui est financée par le ministère des petites et moyennes entreprises. Nous avons convenu d’un contenu pour ce programme à la création de ces entreprises.

Nous savons que les collectivités territoriales jouent un rôle important dans le développement du pays, quel est le rapport qu’entretient l’Epab avec ces collectivités ?

Le premier partenaire que nous avons ici c’est la mairie même pour la formation, car nous n’avons pas le temps de faire la sélection sur le terrain. Donc nous travaillons généralement avec ces mairies qui nous présentent des candidats pour la formation. Nous signons des conventions. Avec la décentralisation et les différentes lois, notre rôle s’est accru. A ce jour, nous sommes à une douzaine de mairies au centre, à l’Est, au Sud. C’est un partenaire de premier choix pour des raisons de déploiement sur le terrain.  Nous travaillons également avec le Feicom qui compte tenu de notre rôle a souhaité que nous puissions mettre en place un partenariat tripartite pour emmener aussi les mairies à présenter les projets économiques liés au développement agricole parce qu’en réalité, ils reçoivent des projets sociaux.

Avez-vous des difficultés ou des besoins particuliers ?

Les besoins et les problèmes sont énormes. Le fonctionnement compte tenu de l’accroissement des activités de notre expansion territoriale, nous avons besoin d’un plus grand support de l’Etat, également le fait que le jeune ne peut pas se prendre facilement en charge pendant sa durée de formation qui est près de trois mois, c’est difficile pour un jeune rural de venir ici pour sa formation. Jusqu’ici, nous recevons des appuis des ministères sectoriels pour pouvoir offrir des bourses aux jeunes ruraux mais aujourd’hui avec la crise actuelle, cette année nous n’avons pas encore reçu  de financement pour pouvoir soutenir ces jeunes. Nous avons besoin des partenaires étatiques que les partenaires traditionnels. Nous avons peu de moyens pour le suivi post formation. Nous sommes obligés de suivre ceux qui sont autour de nous à moins de 100 km de nos centres.

Quel message portez-vous à l’endroit des jeunes ?

Le message est constant du moment où le chef de l’Etat son excellence Paul Biya les envoie régulièrement. L’agriculture c’est un gisement de l’emploi, des richesses, c’est l’endroit où avec peu de moyens on peut se faire de l’argent. Sur moins 1 hectare de terrain, vous produisez de la tomate, des laitues et bien d’autres.  On n’a pas besoin de travailler avec les mains surtout avec la technologie innovante aujourd’hui, ces jeunes peuvent être des intermédiaires entre le marché et les producteurs et n’ont pas besoin de tenir une machette pour gagner leur vie. Ils peuvent se positionner dans la commercialisation, la fourniture d’intrants, étude des services même mécanisé. Ici nous formons les jeunes à l’utilisation des tracteurs. Il y a un ensemble de services qui sont liés directement ou indirectement à l’agriculture qui peuvent aider le jeune à gagner dignement sa vie.  

   Propos recueillis par Ariane Makamte

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