Selon le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), les années à venir seront déterminantes pour la filière cacao. Face aux multiples défis qu’elle rencontre, la filière cacao doit s’adapter.
La production de cacao contribue à la subsistance de 40 à 50 millions de personnes dans le monde, dont environ 5,5 millions de petits producteurs et productrices de cacao et quelque 14 millions de travailleuses et travailleurs ruraux. La ceinture cacaoyère ouest-africaine (de la Côte d’Ivoire au Cameroun) représente actuellement plus de 70 % de la production mondiale, le reste provenant d’Amérique (en croissance) et d’Asie (en déclin). L’Europe est le plus grand consommateur au monde de produits à base de cacao, avec une industrie de transformation du cacao de premier plan soit 62 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel et une consommation pouvant atteindre jusqu’à plus de 10 kg/hab./an contre une consommation mondiale estimée à 0,9 kg/hab./an.
Selon le Cirad, la surface dédiée à la culture du cacao s’est fortement développée au cours des 60 dernières années, passant d’environ 4,4 millions d’hectares dans les années 1960 à presque 12 millions d’hectares en 2021, pour une production de plus de cinq millions de tonnes de cacao. L’augmentation des surfaces plantées a contribué à la déforestation à grande échelle, en particulier en Afrique, et explique la croissance de la production mondiale. Cette situation est notamment due à une faible productivité par unité de surface, faute de propositions techniques de gestion et de matériel végétal adaptés aux conditions socio-économiques des pays producteurs.
Cacaoculture : Un chemin parsemé d’embuche
À l’horizon 2050, on prévoit que le changement climatique et l’utilisation accrue des terres pour la production alimentaire réduiront les zones naturellement aptes à la culture du cacao. Les systèmes de culture en plein soleil avec une utilisation intensive de produits agrochimiques et d’irrigation soutenus par des investisseurs privés et des entreprises agroindustrielles aux capacités d’investissement élevées augmenteront la vulnérabilité du secteur au changement climatique, favorisant l’émergence et la dispersion des ravageurs et les maladies du cacaoyer et diminuant la disponibilité en ressources naturelles. Par ailleurs, les systèmes de culture en plein soleil, qui participent à la déforestation, érodent fortement la biodiversité et la résilience des paysages. Ces tendances vont à rebours d’une situation où la grande majorité des plantations de cacao dans le monde sont cultivées par des producteurs familiaux aux faibles capacités d’investissement dont la majorité n’a pas un revenu décent, parmi lesquels certains ont recours au travail des enfants, dans le cadre de systèmes mêlant cacaoyers et autres végétaux sources de déférents bénéfices. Elles vont aussi à l’encontre de la demande croissante des consommateurs pour des produits sains et éthiques, de la politique de la France contre la déforestation importée, et du Green Deal de l’Union européenne pour réduire l’utilisation des pesticides de 50 % d’ici 2030.
Albert BOMBA