Agriculture

Amélioration de la production agropastorale

Que valent les multiples projets?

Le Cameroun s’est doté d’une boussole pour son développement à l’horizon 2030. Plus connue sous le nom de SND30 ou Stratégie Nationale de Développement 2020-2030.

l’ Ecole Nationale Supérieure des Sciences Agro-Industrielles de l’Université de Ngaoundéré

 

Engagé sur la voie de son développement, le Cameroun après le Document des Stratégies pour la Croissance et l’Emploi, a mis en place la SND30. Cette dernière vise la transformation structurelle et un développement inclusif. En clair, l’objectif de la SND30 vise une production de masse de denrées de grande consommation afin de limiter les importations qui sont sources de paupérisation. Cette politique s’appuie sur les secteurs clés de l’économie, notamment l’agriculture et l’élevage. En limitant les importations par une importante production locale, le pays pourra non seulement satisfaire la demande interne, mais conquérir le marché sous régional et africain à l’ère de l’entrée en vigueur de la Zone de Libre Echange Economique Continentale Africaine. Une chose de nature à contribuer à rééquilibrer la balance économique déficitaire du Cameroun.

 

L’appui des institutions universitaires

Pour atteindre ces objectifs, l’Etat ne lésine sur aucun moyen lui permettant de parvenir à ses fins. Ce qui justifie la contribution des écoles et centres de formations, qui par la recherche et l’innovation contribue à mouler des producteurs et promoteurs d’entreprises agropastorales. C’est le cas de l’Ecole Nationale Supérieure des Sciences Agro-Industrielles (ENSAI) de l’Université de Ngaoundéré. Cette dernière s’illustre depuis quelques années par la multiplication des produits à forts impacts. En l’espace de 3 ans, plusieurs projets d’entreprises et d’incubation ont été mis en œuvre sous la coordination du Professeur Laurent Bitjoka. Il s’agit entre autres du projet Pepita, (Projet d’Excellence en Production d’Innovations Technologiques en Agro-Industrie) et du projet d’incubation Ensai-Oit/ Koica pour la formation à l’entrepreneuriat des jeunes femmes réfugiés ou déplacés dans l’Adamaoua. De ces projets, sont sortis plusieurs brevets d’invention et des entreprises juniors avec des impacts réels. « Nous travaillons sur des innovations. Qui dit innovation dit résolution de problèmes qui se posent à nous. Plusieurs brevets d’invention ont été déposés à l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelles pour les projets» explique le Professeur Laurent Bitjoka, coordonnateur des projets Pepita et d’incubation ENSAI-OIT/Koica.

 

Qualités hygiéniques

Dans ces différents projets d’innovation et d’incubation, plusieurs projets d’entreprises sont nés avec chacun des qualités hygiéniques à même de faire concurrence aux produits importés. C’est le cas du projet de la jeune Menoa Larissa, étudiante en 2ème année de la filière Industrie Agricole et Alimentaire qui développe un projet innovant de transformation du corn-chaff en plat pratique et rapide à préparer. Selon elle, « ce projet est né de l’observation des difficultés rencontrées par les femmes de ménage lors de la préparation du corn-chaff. La préparation traditionnelle prend beaucoup de temps et d’énergie, avec des étapes de trempage et de cuisson qui peuvent durer jusqu’à 14h à 16h de temps. Je me suis dite qu’il devait y avoir une solution plus efficace et accessible ». Sur la qualité hygiénique de son projet, elle affirme sans ambages que le processus répond aux normes requises. « Je contrôle avec délicatesse les différentes méthodes. Je peux dire dans l’ensemble que l’hygiène est au top ». Des dires corroborés par le professeur Nicolas Njintang Yanou qui suit les projets incubés par l’Ensai. « Les produits de l’Afrique, Caraïbes et Pacifique, ont cette limite d’être mal présentés sur le marché et donc peu compétitifs vis-à-vis des produits européens. C’est également une limite dans la commercialisation de nos produits, de bien les présenter pour les consommateurs. Vous comprenez donc qu’étant dans une école agro-industrielle, un des premiers objectifs de l’école, c’est de présenter des produits sains. De présenter des produits qui également respectent un cahier de charge aussi bien du besoin du consommateur que des caractéristiques sanitaires qui sont exigées non pas par les consommateurs mais par les normes internationales. Donc sur ce plan, nous sommes convaincus qu’ils ont proposé des produits qui respectent les normes de qualité ». Comme le projet de Larissa, plusieurs autres projets incubés par cette école de renommée internationale visent à booster la production locale. Ce qui contribue à non seulement, limiter les importations, mais aussi à lutter contre le chômage et participer au développement du pays.

 

Menoa Larissa, porteuse du projet sur le corn-chaff précuit

 

 Que valent ces projets ?

Des explications des porteurs de ces projets ou des encadreurs, le but ultime est de contribuer à augmenter la production agropastorale pour une autonomisation du pays. Sauf que jusque-là les attentes des populations ont du mal a être comblées, car pour la plupart, ce sont des projets qui s’étendent pendant la saison des pluies.  Des projets allant dans le sens de la production en saison sèche permettraient de limiter les ruptures d’approvisionnement des marchés. « Nous voulons avoir des produits sur toute l’année avec des prix stables, or actuellement les prix fluctuent en fonction des saisons. Les projets de production peuvent nous sortir de la dépendance. Il suffit de mettre en réseaux tous les projets maturés par l’Ensai et d’autres écoles » commente Abdouramane, un habitant de Ngaoundéré.

En attendant de récolter les fruits de ces différents projets incubés par l’Ensai, cette école se présente aujourd’hui comme un cadre de maturation des projets agropastoraux à fort impact économique et sanitaire, car selon les spécialistes, les produits proposés par les incubés de cette école répondent aux normes hygiéniques requises au niveau national et international.

Par Jean Besane Mangam

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