Les pluies se font rares dans la ville de Garoua. Les dernières à tomber datent de plus de trois semaines. La situation inquiète les agriculteurs qui voient leurs plantations séchées. Le phénomène est le résultat des changements climatiques qui ne cessent d’impacter l’environnement.
L’année 2024 ne cesse de réserver des surprises dans la région du Nord. Il y’a quelques mois, le prolongement de la saison sèche avait soulevé des inquiétudes. Et depuis quelques jours pratiquement, les inquiétudes d’hier sont revenues. Cette fois-ci, la situation décriée est l’interruption exagérée des pluies. Bientôt trois semaines déjà. Tout porte à croire que nous assistons au prolongement des changements climatiques. Le phénomène entraine derrière lui des conséquences énormes. D’abord pour l’environnement.
L’environnement menacé
Les épisodes de sécheresse ont de multiples impacts sur les milieux aquatiques, consécutifs à la baisse des niveaux d’eau. La biodiversité est directement touchée, et souffre aussi de la détérioration de la qualité de l’eau suite à l’échauffement et à la moindre dilution des pollutions. Il faut aussi dire que la baisse des niveaux a des conséquences sur les prélèvements d’eau dans les milieux ou dans les nappes. Ce qui fait en sorte que certains usages peuvent alors être compromis.
La qualité de l’eau et de la végétation sont touchées
La diminution du débit favorise l’augmentation de la température de l’eau, avec des conséquences sur la qualité physico-chimique de l’eau. Par exemple, la quantité d’oxygène dissous dans l’eau diminue lorsque sa température augmente. Il faut ajouter à cela la baisse des débits conduit souvent à une moindre dilution et une évacuation plus limitée des substances rejetées, augmentant ainsi leur concentration dans certaines portions de cours d’eau, et entraînant une altération de la qualité de l’eau. La végétation est fortement touchée.
Le rendement agricole fauché
Les cris des agriculteurs deviennent plus pressants. Les plantations meurent et prennent un coup énorme dû à l’absence de pluies. Les pauses sont longues. La sécheresse gagne la saison pluvieuse. Les agriculteurs sont dans l’angoisse, surtout d’assister à la vague de ruine qui menace les champs. Le maïs, le mil, les arachides et autres sèches déjà. Bien que cela paraisse incompréhensible pour les agriculteurs, les climatologues affirment que le phénomène des changements climatiques s’explique. La position géographique de la région du Nord en est pour beaucoup. Une conséquence certaine aussi, est la vie chère qui s’annonce. Les produits agricoles ne seront pas facilement accessibles. Il va falloir débourser d’énormes sommes d’argent pour acquérir des céréales et même des arachides et autres. Les populations des campagnes seront les plus touchées car elles vivent essentiellement de l’agriculture.
Certains agriculteurs cherchent des moyens de résilience pour atténuer les difficultés. L’irrigation est pratiquée. Et elle sauve les plantes qui ne sont pas encore mortes.
Le phénomène des changements climatiques menace davantage la région du Nord. L’année 2024 sonnera alors comme une alerte à l’endroit des pouvoirs publics mais aussi de la population de redoubler de plus des actions pour préserver l’environnement. Dans le contexte de la région, la plantation des arbres est à encourager, la lutte contre la déforestation doit être accentuée. Et ainsi, le couvert végétal sera restauré.
Par Marcus DARE
Réaction
« Plusieurs facteurs peuvent être à l’origine des interruptions des pluies à savoir l’onde de Madden-Julian »
Il est important de rappeler le contexte climatique, météorologique et géographique de la région du Nord. La région du Nord est située dans une zone sahélienne et caractérisée par un climat tropical et 2 saisons à savoir la sèche et la saison des pluies qui s’étend de mai à Septembre. En ce moment, nous sommes au mois d’août. Cela signifie que nous sommes en pleine saison des pluies. Toutefois, depuis un certain temps, nous observons une longue pause sèche par endroit. Il s’agit d’une absence prolongée des pluies sur plusieurs jours consécutifs. Il sied de préciser que la saison des pluies dans la région du Nord est essentiellement influencée par la mousson Ouest africaine. Plusieurs facteurs peuvent être à l’origine des interruptions des pluies à savoir l’onde de Madden-Julian. Cette onde est une oscillation intra saisonnière de grande échelle dans l’atmosphère tropicale. Lorsqu’elle est en phase inactive les conditions de formation des pluies sont défavorables entrainant ainsi des longues périodes sèches. En deuxième position, nous pouvons évoquer l’onde Est africain qui est une perturbation atmosphérique qui se déplace dans la zone tropicale et cette onde joue un rôle crucial dans la modulation et de la distribution des pluies. Une absence ou une faible activité de cette onde peut également contribuer à l’apparition des pauses sèches qui peuvent être constatées par endroit. Nous avons également le phénomène météorologique appelé el Nino qui est une anomalie climatique liée au réchauffement des eaux des surfaces de la mer et cela peut également entrainer des perturbations climatiques variées comme des séquences sèches dans certaines régions et des pluies abondantes ailleurs. Nous avons également la variabilité climatique. Elle peut occasionner des périodes sèches ou humides d’une année à une autre d’une manière aléatoire.
Propos recueillis par Marcus Dare
lire aussi : Le Cameroun s’apprête à exploiter l’un des plus grands gisements de bauxite au monde.