La saison agricole est déjà lancée dans la région du Nord, les agriculteurs se ménagent selon les moyens et font face aux aléas climatiques. Un problème facilement résolu si les seigneurs de la terre prennent en compte les prévisions météorologiques.
La région du Nord ne cesse d’être victime des rafles des changements climatiques. L’exemple le plus récent, est d’ailleurs la venue tardive de la saison des pluies. Une saison qui précède toujours la saison agricole. La conséquence directe est le lancement tardif de la saison agricole. Allant dans cette logique, même la production sera touchée. Voilà la réalité actuellement dans la région du Nord. Les agriculteurs peinent à déterminer le temps propice, idéal pour faire les semis. Certains d’entre eux se frottent aux temps du hasard. « Depuis toujours, je sais par exemple que le mais est semé en de début juillet, quand il ne pleut pas assez, je suis dans l’inquiétude et finalement, je ne sais plus le moment idéal de faire le mais » raconte Moussa, un agriculteur rencontré à Djalingo, une localité située dans l’arrondissement de Garoua 3e. Se confiant à nous avec un regard hagard, la vieille Martha s’en remet à Dieu « si la moisson est grande, gloire à Dieu ».
Entre temps, pour les « malchanceux », il faut être philosophe et accepter la situation. Ça fait partir des grimaces du temps. La météo vient apporter la solution à toute intempérie. Les prévisions météorologiques de la région du Nord des mois de juin, juillet et août donnent déjà des indicateurs aux agriculteurs. La conduite à suivre de peur de rater la saison agricole. Il faut tenir compte des pluies et de leur durée, de l’intensité des vents. Plus proche d’eux, ce qui semble être l’essentiel de l’information à maitriser, figure la quantité des pluies. Trop de pluies détruisent aussi les plantations. Au-delà de certains seuils de température, les rendements agricoles peuvent diminuer. De plus, l’augmentation de la température modifie la capacité des plantes à retenir et utiliser l’humidité. La météo permet d’avoir enfin une idée des présages du temps.
La météo est devenue aujourd’hui une science incontournable dans plusieurs activités. L’agriculture est logée dans la même enseigne. Tenir compte d’elle sauve, elle sert aussi de moyens aux agriculteurs de s’adapter, d’être résilients aux facteurs climatiques. La météorologie s’intéresse à l’état de l’atmosphère à court terme, en un endroit donné et en un temps donné. Le climat va donc déterminer en substance les variétés qui peuvent être cultivées en plein champ. Les formes d’exploitation des terres agricoles dépendent par conséquent essentiellement du climat. La météo apparaît alors pour les agriculteurs comme un atout majeur pour mieux prévoir le temps qu’il fera afin de faire le choix d’une bonne période agricole afin de mener telle ou telle culture. Dans la région du Nord, les efforts de la délégation des transports de porter à la connaissance des citoyens l’importance de la météo changent aujourd’hui même si cela est encore timide leur comportement. Les habitudes changent et le grand défi est aussi d’embarquer dans cette « éducation » les habitants des campagnes, principaux agriculteurs, les plus concernés.
Marcus Dare
Réaction
« Il est recommandé de pratiquer une agriculture climato intelligente pour accompagner les plantes à résister au stress hydrique pendant la pause la pluie et retenir la matière organique autour des plantes comme les techniques telles que le zaï et la demi-lune. »
- M. Dahirou Greng, Ingénieur de la météorologie
D’après les prévisions météorologiques nationales pour les mois de Juin-Juillet-Août 2024, la région du Nord sera marquée par des pluies dont les cumuls varieront de normal à excédentaire parfois accompagnées des vents évoluant de modérés à forts. Aussi, des longues pauses sèches c’est à dire des séries de plusieurs jours consécutifs sans pluie seront observées. Ces phénomènes pourraient perturber le développement des cultures dans les champs et favoriser l’apparition de certains insectes nuisibles. Il est recommandé de pratiquer une agriculture climato intelligente pour accompagner les plantes à résister au stress hydrique pendant la pause la pluie et retenir la matière organique autour des plantes comme les techniques telles que le zaï et la demi-lune. Il convient de souligner que les techniques suscitées ont des succès fulgurants dans certaines zones sahéliennes comme le Burkina Faso, le Niger, le Mali. Actuellement ces techniques sont mises en œuvre par le projet INNOVAC dans ses quatre(04) villages climato intelligents de la région du Nord notamment Bang, Bamé, Pintchoumba et Tcholliré. Il est nécessaire d’utiliser les insecticides homologués par le MINADER pour le traitement préventif contre la chenille légionnaire. Nous conseillons enfin les agriculteurs de suivre les bulletins météorologiques produites par la Direction Météorologie Nationale et disponible sur la page Facebook dénommée Météorologie Nationale du Cameroun et aussi relayés par le service de la météorologie du Nord.
Propos recueillis par Marcus Dare