Certaines matières en combustion provoquent les dégagements de certains gaz comme le NO, NO², CO et CO², qui sont destructeurs de la couche d’ozone.
L’incinération incontrôlée des déchets sert comme décharge pour le surplus des ordures non collectées par la société d’Hygiène et de salubrité du Cameroun (HYSACAM). Il est 17h ce mercredi 01 février 2023, quand une fumée géante envahit le ciel du quartier Efoulan, dans le troisième arrondissement de la ville de Yaoundé. C’est une quinquagénaire qui vient de mettre le feu dans une poubelle au niveau des rails. Cette maman est tenancière d’un restaurant très fréquenté par des élèves. Chaque soir, elle met le feu dans le bac à ordure pour éloigner les mouches de son commerce. « L’odeur des fumées chimiques s’échappent du quartier », révèle Paolo, riverain. Une pratique qui a des conséquences sur la santé et l’environnement de l’homme. Même chose au quartier Mokolo élobi, dans le 2ème arrondissement de la ville de Yaoundé, où des déchets sont déversés derrière le marché des sacs. « Des déchets ménagers, mélangés aux produits usagers, détergents, contenants, et coques d’ordinateurs y sont aussi brûlés de manière sauvage, en l’absence d’incinérateurs municipaux », explique le géochimiste Gilbert Kuepouo, également directeur exécutif du Centre de recherche pour l’éducation et le développement (CREPD) de Yaoundé.
« Ces dépotoirs sauvages des déchets ménagers sont légion au cœur du quartier Biyem-Assi-lac par exemple, à proximité du complexe scolaire les pyramides. Le problème a beau être diffus, rien ne change », ajoute-t-il. Selon l’environnementaliste Louis Bernard Tchuikoua, cette pratique est très développée dans les quartiers populaires. Or, la loi n° 96/12 du 05 août 1996 portant loi cadre relative à la gestion de l’environnement, interdit la création des décharges sauvages au sein des quartiers. Le non-respect et la non application des lois en vigueur, participent à accentuer le phénomène d’insalubrité sur le terrain. Face à cette situation, Louis Bernard Tchuikoua propose une véritable campagne de sensibilisation, d’éducation et d’implication de tous les acteurs. D’après le géographe, la campagne doit être menée, afin d’aboutir véritablement à la construction d’une ville durable. Malheureusement, brûler les ordures ménagères à ciel ouvert comporte quelques risques environnementaux et de santé publique même si cela permet la réduction de leur volume des immondices.
Couche d’ozone
L’incinération sauvage des déchets divers est source de pollution. En fait, les gaz dégagés par les matières en combustion engendrent de mauvaises odeurs impropres à la respiration. L’incinération des tas d’ordures provoque les dégagements de certains gaz comme le NO, NO², CO et CO², qui sont destructeurs de la couche d’ozone. De même, l’entassement des ordures sur place, provoque des réactions de fermentation anaérobique avec production de méthane (CH4) qui est un gaz à effet de serre destructeur de la couche d’ozone. Les riverains des décharges sauvages semblent s’en accommoder mais, cette apparente adaptation n’exclut pas les risques sanitaires y afférents. Constamment incinérés au cœur des sous-quartiers, les décharges sauvages constituent un réel risque de pollution de l’air et une bombe à retardement pour la santé publique. Le matériel de collecte moderne des ordures dans la ville de Yaoundé est insuffisant pour assurer la collecte minutieuse des ordures dans tous les quartiers.
Elvis Serge NSAA