Autres Écosystèmes

Dibombari : Les grandes rivières en voie de disparition

Les problèmes de l’eau dans cet arrondissement situé à 27 kilomètres de la ville de Douala, la métropole économique du pays reste une préoccupation majeure pour les populations.

 

Les grands cours d’eau autrefois profonds et pouvant atteindre 1,5 mètre, ont carrément tari, laissant place à de ruisseaux avec des débits insignifiants. D’aucuns ont carrément disparu. Nous sommes allés à Nkapa, à Mboumboulan, à Bajumba, à Dibombari beach, à Ewoulo et à Esakè, des lieux de référence à une époque, pour des baignades de qualité, mais qui sont devenus des repères d’animaux sauvages et des petits oiseaux. La situation de l’eau est critique et sujette aux changements climatiques accentuant la pénurie d’eau avec tout ce que cela comporte. Les environnementalistes parlent de la rudesse du climat qui entraine la rareté de la ressource en eau. La situation n’est guère bonne même en temps de pluies. Le tarissement d’eau dans les cours est une évidence. Cette situation crée la rareté des eaux de surface qui laissent place à des lits d’écoulement communément appelés «Mpôlôlô en langue locale Ndlr», non canalisables du fait de l’assèchement aigu des nappes phréatiques qui alimentent ces rivières. Les réactions collectées révèlent que les produites ne couvrent que 3 à 5% des besoins en eau potable dans cet arrondissent: «On se sert des petits gobelets pour ramasser de l’eau dans les rivières où l’eau coule encore un peu. Tout le village y va presque. En saison des pluies, les volumes augmentent légèrement, mais en saison sèche, c’est presque du sable qu’on puise. Pourtant, il y a des années, les enfants ne pouvaient même pas s’y rendre. Les rivières étaient très profondes. Mais on ne comprend pas pourquoi elles ont tari de la sorte. Autre fois, c’est au niveau de la poitrine que l’eau nous arrivait, maintenant c’est à la cheville», relate Rose Mandoné, une riveraine. Et les forages sont en nombre très insuffisant, accentuant de fait, la difficulté de pouvoir desservir aisément toute la population de Dibombari en eau potable. Aucune statistique d’hospitalisation ni de décès ne nous a été donnée en rapport au déficit d’eau potable.

 

Alphonse Jènè

 

 Trois questions à…Didier Yimkoua

Didier Yimkoua ,Spécialiste sur les questions liées à l’environnement, il est par ailleurs le Prescripteur du « Mouvement Ecologie en Marche». Nous l’avons rencontré pour comprendre le phénomène et avoir une idée sur ce qui peut être fait pour remédier à la situation.

 

 

«Il doit y avoir des activités humaines qui ont entraîné l’assèchement de ces cours d’eau-là»

 

On a observé dans deux villages dans l’arrondissement de Dibombari que des rivières qui avaient une profondeur pouvant atteindre 1,5 mètre ont presque tari. Qu’est-ce qui explique cela?

 

Avant d’énumérer un certain nombre de conséquences engendrées par l’assèchement de ces cours d’eau-là, il faut déjà comprendre quelles sont les causes de la rupture de l’équilibre hydraulique ou bien hydrogéologique, pourquoi pas. Parce qu’il faut chercher à comprendre, comme je l’ai dit tantôt, la rupture de l’équilibre de l’hydrologie, parce qu’il s’agit de l’eau, évidemment. Telle que la situation se présente, une chose est certaine, il y a un assèchement des réserves d’eau.

 

Il ne faut pas déjà exclure le phénomène planétaire, qui est le changement climatique, dont l’une des conséquences extrêmes, évidemment, c’est la sécheresse, c’est la rareté des pluies. Le premier facteur moteur qui peut aggraver cette situation, comme je l’ai dit tantôt, outre le phénomène du changement climatique, il faut voir les facteurs liés à l’activité humaine. Est-ce qu’il n’y a pas eu, entre-temps, la déforestation, c’est-à-dire la disparition de la couverture végétale ? Est-ce qu’il n’y a pas des activités agricoles qui ont nécessité l’irrigation ? Est-ce que tout autour de ces rivières-là, il n’y a pas des activités humaines qui peuvent entraîner, par exemple, les phénomènes d’eutrophisation, c’est-à-dire l’envahissement des herbes sur le pan d’eau, qui favorisent les vapeurs transpiration, un peu comme dans l’oignon, pour corréler l’assèchement du cours d’eau ? Donc voilà autant de facteurs moteurs qui peuvent expliquer, éventuellement, l’assèchement de ces cours d’eau. Donc, ne maîtrisant pas la géographie de la zone, je ne serai pas péremptoire, mais à bien y regarder, on verra que, excepté les phénomènes changements climatiques, il doit y avoir des activités humaines qui ont entraîné l’assèchement de ces cours d’eau-là.

 

Quelles sont les conséquences sur les vies humaines?

 

Évidemment, l’eau, c’est la vie, c’est la machine populaire qui le déclare. Si les populations doivent subir de plein fouet la disparition de ces cours d’eau, qui au départ étaient d’abord une source de production de l’eau potable, la population peut-être, consommait cette eau-là, la population l’utilisait à d’autres fins également.

S’il n’y a plus d’eau, ça veut dire que c’est un pan de la vie qui disparaît. C’est même la culture qui disparaît. On a parlé de poissons. Donc, la famine, on court vers la crise de la famine, de la faim dans cette région. Sans l’eau, on ne peut rien faire. On ne peut pas mener une activité agro-pastorale efficiente. C’est impossible. On ne peut rien faire. Donc, c’est même la survie de l’homme qui est menacée si cette eau venait à disparaître totalement.

Est-ce qu’on peut remédier ç cette situation? Comment?

Évidemment, il faut trouver les moyens de renflouer les réserves d’eau qui entretiennent l’équilibre hydrologique. La première chose, il faut planter les arbres. C’est tout ce qu’on peut faire. Il faut planter des arbres tout autour de ces cours d’eau-là, parce que les arbres ont, avec les racines, construit des réserves d’eau. Pour restaurer cette ressource hydrique, il faut planter les arbres. IL faut penser à un projet de reboisement. Évidemment, si on a pu identifier un certain nombre de contraintes qui entraînent la rupture de l’équilibre hydrologique, il faut faire disparaître ces contraintes-là. C’est vrai que l’homme ne peut pas agir directement sous la pluie, parce qu’il y aura toujours un changement climatique. IL faut plutôt s’adapter avec un certain nombre de mécanismes d’adaptation. L’un des mécanismes d’adaptation, c’est le reboisement.

Propos recueillis

lire aussi : Lutte contre le changement climatique dans les Bamboutos : Un projet de restauration des paysages forestiers soutenu par la coopération allemande

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