Biodiversité Écosystèmes

Douala : La ville envahie par des rats.

la prolifération des rats à Douala, capitale économique du Cameroun,  constitue une véritable crise sanitaire. Ces rongeurs, attirés par les montagnes d’ordures qui envahissent la ville, se sont infiltrés dans tous les recoins, des maisons les plus modestes aux commerces les plus huppés.

 Ces nuisibles ne se contentent plus de vivre aux marges de la ville. Ils ont envahi les intérieurs, s’attaquant aux réserves alimentaires et contaminant tout sur leur passage. Les habitants sont confrontés à une situation alarmante : leurs provisions sont pillées, leurs vêtements rongés et leur santé menacée. Les nuits sont rythmées par les bruits de leurs griffes et les piqûres de moustiques, transformant les foyers en véritables champs de bataille.

 Cette invasion a des conséquences dramatiques sur la vie quotidienne des « Doualais ». La peur et le stress s’installent, tandis que la faim guette les familles dont les réserves sont quotidiennement  ravagées par ces opportunistes.

 Rat de ville, ce rongeur s’est installé dans tous les quartiers de Douala. Les rues sont peuplées par cette population toujours croissante qui n’a même plus peur des êtres humains. « Nous sommes dépassés dans ce quartier. Les rats nous font vivre un véritable calvaire. Ils rongent nos chaussures, nos provisions alimentaires, même nos matelas. J’avais gardé deux briques de vin blanc dans un seau, mais ces animaux ont réussi à ronger la matière plastique épaisse jusqu’à percer les briques de vin. C’est l’odeur qui a attiré mon attention. Les mêmes rats m’ont dévoré presque tout un carton d’huile végétale et les bouchons de boissons gazeuses conservées dans un placard. Et si vous mettez un raticide, leur nombre ne fera qu’augmenter chez vous. On ne sait plus quoi faire », nous explique dame Ekedi, au quartier Bona Ntonè.

Rats d’égouts

Les rats attirés par les ordures ménagères

Au rond-point Deido, dans le quartier ancien Anflo, un dépôt d’ordures fait un spectacle peu reluisant, et la colonie de rats observée à cet endroit fait frémir. En grand nombre, ces rongeurs trouvent ici de quoi se nourrir, de jour comme de nuit. Normal, ils se régalent des restes de nourriture et autres provisions alimentaires abandonnées par des passants. Avec l’activité humaine constante, les rats n’ont aucun mal à trouver de la nourriture à proximité de leur environnement ; ils parcourent des kilomètres pour dénicher les ressources nécessaires à leur survie. Les boulangeries, restaurants et hôtels viennent compléter leur alimentation, les rats parvenant à trouver des ouvertures pour accéder aux réserves de nourriture que ces établissements conservent. « Ces animaux possèdent une capacité de nuisance hors norme ; ils creusent des trous par lesquels ils se ravitaillent dans nos magasins. Ils dévorent les sacs d’arachides, les sacs de farine, les bouteilles d’huile végétale, les cartons de biscuits, les sachets de tomates, les sachets de bonbons, ils ne laissent rien passer. Ils rongent même les grillages en fer », explique Jules Mbèdi, magasinier dans un restaurant à Douala.

Les rats et les moustiques

Si les rats se nourrissent dans les tas d’ordures, les moustiques, quant à eux, ont trouvé des endroits propices pour se reproduire. Il s’agit des mares d’eau sale générées par ces mêmes ordures. Surtout pendant la saison des pluies, le constat a été fait, toujours au lieu-dit ancien Anflo au rond-point Deido. L’eau sale et nauséabonde produite par les déchets de toutes sortes occupe une grande surface. Une étude menée dans trois quartiers de la ville, à savoir Logbessou, Yansoki et Ndogbati, révèle qu’un total de 2973 moustiques femelles adultes, répartis en 9 espèces, a été capturé dans ces trois quartiers. Soit 639 à Logbessou, 1026 à Yansoki et 1308 à Ndogbati, selon une étude réalisée en 2017 par un collectif d’universitaires camerounais, publiée en ligne en 2020 sur le site « popups.uliege.be/2030-6318/index.php ».

Invasion de moustiques

Les histoires insolites concernant les moustiques ne manquent pas : « Les moustiques ont envahi nos maisons. Que l’on vive à Bonanjo, Bali, Bonapriso, Nkomba, Bépanda ou New Bell, ces bestioles font partie de notre quotidien, que ce soit dans le luxe ou dans la promiscuité de nos chaumières de fortune. Même la climatisation ne les intimide plus ; elle ne stoppe pas le rythme de leurs concerts de bourdonnements dans nos oreilles, que l’on soit endormi ou éveillé, essayant désespérément de les repousser avec nos mains, tout en craignant les piqûres qui nous volent un peu de sang et nous exposent au paludisme. Voilà à quoi nous sommes confrontés », relate Eugène Diwouta, au quartier Mambanda à Bonabéri.

Ainsi, de nombreux facteurs rendent l’environnement pénible pour les habitants. Et lorsque ces espèces se développent de manière incontrôlée, il y a lieu de craindre des maladies difficiles à diagnostiquer.

Alphonse Jènè

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