Les citadins de Yaoundé transforment les rues en lieux d’urination. Ce phénomène s’amplifie de jour en jour, portant préjudice à la fois aux habitants et à l’image de la ville.
Au quartier Mvog Mbie, dans la subdivision Yaoundé IV, un homme corpulent urine à côté d’une pancarte indiquant “Interdit d’uriner ici”. Lorsqu’il est interpellé, il justifie son acte par le manque de toilettes publiques: “ Je sais que ce n’est pas bien, mais il y a peu de toilettes publiques et je ne peux pas retenir mon urine. De plus, les rares toilettes disponibles sont payantes”, explique Boh Aloycious à Echos Santé.”Au quartier Melen, par exemple, il faut payer 100 FCFA pour utiliser les toilettes publiques. Imaginez si je dois uriner au moins trois fois par jour ! Je n’ai pas les moyens, donc je suis obligé de faire ça dans la rue”, poursuit-il.
D’autres personnes s’indignent face à ce comportement, rappelant que le Cameroun est en marche vers l’émergence 2035. Pour elles, uriner dans la rue est inacceptable et devrait être puni par la loi.”Nous, Camerounais, devons être suffisamment civilisés pour savoir que les toilettes publiques sont faites pour ça, et non les rues”, déclare Hilary Sonia. “C’est gênant de voir les gens faire ça en public. Il est vrai qu’il n’y a pas de toilettes partout, mais uriner n’importe où n’est pas une solution.”
Certains citoyens responsables, quant à eux, utilisent les toilettes lorsqu’ils en ont besoin ou prennent d’autres mesures. Ils déplorent que d’autres aillent jusqu’à déféquer sur la route ou autour des bâtiments publics. Les propriétaires de maisons situées le long des routes ont vu leurs murs de clôture détruits par l’urine. La plupart des endroits réservés aux déchets ont été transformés en toilettes. Ces endroits dégagent une odeur nauséabonde et sont constamment mouillés par l’urine, aggravant ainsi l’insalubrité de la ville.
Les personnes qui transforment les rues en toilettes ignorent les conséquences de leurs actes. L’urine qui stagne dans les rues cause des problèmes respiratoires aux habitants, pollue l’atmosphère et attire des insectes nuisibles comme les mouches et les moustiques, vecteurs de maladies telles que le paludisme. De plus, cette pollution ternit l’image de la ville.
Les citoyens proposent la mise à disposition de toilettes publiques à faible coût ou gratuites. Fabove Gael déclare : “Les toilettes ne devraient pas seulement être construites, mais les autorités devraient également s’assurer qu’elles sont bien entretenues. Ainsi, nous serons même incités à payer.”
Il est important de noter que certaines personnes urinent ou défèquent dans la rue non pas par manque de toilettes, mais parce que ces toilettes sont dans un état déplorable. Ils préfèrent donc utiliser la rue plutôt que de risquer de contracter des maladies dans les toilettes publiques.
Ingrid Kengne