Les inondations urbaines peuvent être conditionnées par une occupation du sol inappropriée, une mauvaise prise en compte des réseaux hydrographiques et l’inexistence ou le mauvais dimensionnement des ouvrages d’évacuation des eaux pluviales.
Cette reprise des pluies explique-t-elle, à elle seule, les dizaines d’inondations observées dans les villes africaine ? Zeineddine Nouaceur, géographe et environnementaliste présente les causes humaines des inondations dans un article scientifique intitulé : « La reprise des pluies et la recrudescence des inondations en Afrique de l’Ouest sahélienne ». D’après le géographe, le problème se trouve soit entre l’aménagement, notamment en milieu urbain, et à une anthropisation accélérée des milieux naturels. Pour lui, le premier a trait à l’intensification des pluies au cours d’une période de mousson qui serait devenue plus courte, son déclenchement se trouvant retardé. Le second est relatif à l’occupation humaine : à la pression anthropique sur les milieux naturels et tout particulièrement à une urbanisation massive et désordonnée que l’on observe ici comme dans de nombreux autres pays africains.
Les inondations urbaines peuvent être conditionnées par une occupation du sol inappropriée, une mauvaise prise en compte des réseaux hydrographiques et l’inexistence ou le mauvais dimensionnement des ouvrages d’évacuation des eaux pluviales. En un demi-siècle, la population africaine a été multipliée par 4. En 2017, elle était de 1,25 milliard d’habitants et, selon les prévisions des Nations Unies, elle pourrait atteindre le double en 2050 et probablement le triple en 2070 (soit alors 1/3 de la population mondiale). Cet exode massif se traduit par une extension désordonnée de l’espace urbain. Les nouveaux quartiers se développent sans plan d’aménagement préétabli et souvent au détriment de milieux naturels peu propices à l’urbanisation, ce qui les rend très vulnérables. La dynamique urbaine non maîtrisée, l’extension anarchique des villes, outre qu’elle s’accompagne de graves problèmes sociaux, a pour double conséquence la multiplication des inondations urbaines et l’accentuation de leur caractère meurtrier. Selon Zeineddine Nouaceur, le Niger et le Tchad ont subi des pertes humaines très lourdes : 681 victimes à eux deux, soit respectivement un peu moins de 37 % et 45 % des décès enregistrés dans toute la région. Les inondations de 2003 ont causé la mort de plusieurs dizaines de personnes et la perte des récoltes de l’océan Atlantique au lac Tchad. Durant l’hivernage de l’année 2005, de sérieux dommages matériels ont été signalés au Tchad. Toute la région a encore souffert en 2007, puis en 2008, 2009, 2010, 2012..
Dizaine de morts
L’environnementaliste ajoute qu’en 2012, le débit du fleuve Niger a atteint sa plus forte valeur depuis 1929 à Niamey. Cette crue a causé des dizaines de morts et fait près de 500000 sinistrés. En 2016, un niveau record a été observé sur le Gouorol, un affluent du Niger, à une station suivie depuis 1957. En 2017, le bilan a de nouveau été dramatique dans la vallée du Niger : 44 morts et plus de 70000 sinistrés. En 2018 et 2019, ce sont 45 et 57 personnes qui ont perdu la vie et plus de 200000 qui ont été sinistrées à chaque fois. Jusqu’en 2009, sur chacune des trois périodes distinguées, c’est le Tchad qui a subi le plus de morts. De 2002 à 2009, le Tchad, la Mauritanie et le Sénégal ont compté respectivement 42, 32 et 18 % des décès. De 2010 à 2017, le Niger, qui avait été épargné au cours de la période précédente, a été cruellement touché, avec 86 % des morts.
E.S.N