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Insécurité à Yaoundé : Les populations vivent dans la peur

Partant d’Odza, Ekounou, Mvan, Poste centrale, Avenue Kennedy en passant par Essos, Nkoldongo, Vog-Ada pour Mokolo et briqueterie, il ne se passe pas un jour, ou une nuit sans que les riverains ne soient victimes d’un acte qui relève de l’insécurité. Le dossier proposé par la rédaction du journal Afrik Environnement revient sur ces grands quartiers qui brillent par la négativité.

1-Mvan et Kenedy : Les temples du vol à la filature

illustration de l’ambiance dans les zones Avenue Kennedy et Mvan

Il n’est pas rare de marché dans ces quartiers respectivement des arrondissements de Yaoundé 4 et 1 sans avoir l’impression d’être suivie par un tierce. Le vol à filature bat son aile à Mvan et à Kenedy. Plus connu pour les voyages,  le laisser-aller et la peur ont fini par installer un climat de méfiance au niveau de la gare routière de Mvan. Des adolescents, parfois épris de drogue y font leur loi et occupent des repères d’opération sans que personne ne puisse broncher. Arrivée de Douala un jour, Nathalie raconte les raisons pour lesquelles elle ne va plus dans ce quartier. « Je vivais à l’époque à Douala et je venais à Yaoundé passer un entretien pour un dossier que j’avais déposé en ligne. Le rendez-vous était prévu à 7h30 et j’avais voyagé toute la nuit donc je suis arrivée à 5h30 par là.  Je suis descendue du bus et comme je peinais à trouver le taxi, j’ai décidé de marcher jusqu’au carrefour Mvan. J’ai eu l’impression d’être suivie mais à chaque fois je me retournais les gens étaient occupés. À un niveau, j’ai seulement entendu donnes moi ton sac. Comme je venais de Douala je me suis dite ah c’est rien. J’ai essayé de forcer, un autre est venue se placer devant moi et m’a gifler. À sa 3e claque j’ai tout donner et je suis partie. J’ai raté l’entretien et heureusement pour moi j’ai été rappelé le jour d’après », se remémore-t-elle. Les femmes sont de plus en plus agressées dans cette zone, pourtant, il existe un poste de police, non loin du carrefour.

À Kenedy, ce sont les gars du septentrion qui dictent la loi. À visage découvert, ils filent les victimes d’un lieu à un autre et les  dépouillent de leurs affaires. « Je venais de faire les courses au marché central et je descendais par Kenedy pour prendre le taxi en face de l’IFC. Sur le tronçon de CICAM, 04 personnes m’ont encerclées et m’ont demandé de donner tout ce que j’avais sur moi. J’avais déjà remarqué l’un d’eux depuis la montée du marché central.  Une simple hésitation a suffi pour m’appliquer des gifles à tort et à travers et partir avec tout ce que j’ai acheté y compris mon téléphone et mon porte monnaie. J’ai crié mais qui va m’écouter ? J’ai demandé de l’argent aux passants en pleurant pour pouvoir rentrer chez moi», raconte Bernard. Face à tout cela, les populations disent avoir l’impression que la situation est hors de contrôles des  autorités, qui sont même souvent complices pour d’autres.

2-Ekounou-Poste central : Le vol à l’arraché bat de l’aile

Réputé pour ce genre d’acte, les habitants se méfient de ces coins de la ville de Yaoundé à une certaine heure. De son agression en mars 2023, par un groupe de malfrats non  identifié, Céline garde des images très claires. « Il était 19h, j’étais dans le taxi avec une amie après le boulot.  Juste après les feux à la Poste centrale pour partir à Acropole, mon téléphone se met à sonner. Le temps pour moi de l’enlever du sac comme on était coincé dans les bouchons, avec la vitre de la portière baissée, mon téléphone a disparu de mes mains.  Tout s’est passé si vite que je n’ai même pas vue qui a fait ça et même pas eu le temps de crier », relate-elle. Dans son sac emporté par ces malfrats, il y avait son ordinateur portable, ses pièces personnelles et une  somme d’argent conséquente.

De nuit comme de jour, ces bandits sont aux aguets. Dans un taxi, sur une moto ou encore en embuscade dans un lieu donné ; les populations se disent en insécurité. Et les stratagèmes sont toujours bien pensés. « A Ekounou c’est même grave. On t’agresse devant le poste de police et  ces derniers ne font rien. Je viens de Nkoldongo je vais à Odza, net au poste de police avant l’arrêt taxi, mon téléphone se met à sonner. Le temps de le sortir, on avait déjà arraché. Une autre fois c’était sur la moto. C’est comme si mes téléphones sonnent seulement quand je suis dehors. C’est une autre moto qui passait qui est partie avec tout mon sac dans lequel il y avait des documents importants et ma carte d’identité ». Pour contrecarrer tous ces actes qui font craindre ces artères, les populations évitent de manipuler leurs téléphones sur la voie publique ou lorsqu’ils empruntent un transport en commun. 

3-Mokolo : Attention au vol à l’étage

Le vol à l’étage, une pratique récurrente dans le marché Mokolo à Yaoundé

 

Vendre pour vivre et nourrir sa famille dans ce grand marché est devenu compliqué. C’est le  marché le plus vaste, le plus fréquenté de la capitale politique du Cameroun, et à la réputation d’être touché par l’insécurité à cause des nombreux pickpockets. Les vendeuses ne savent plus à quel saint se vouer. Maman Marthe (nom d’emprunt) rencontrée dans un taxi, en pleurs, raconte la scène de vol qu’elle a vécu dans son comptoir au marché Mokolo. « Comme c’était le weekend, l’enfant est venu m’accompagner. Je l’ai laissé pour aller faire pipi. À mon arrivée je le trouve en pleurs. Je lui demande ce qui se passe,  il ne dit seulement que trois gars sont passés et ont tout pris ». Parmi les affaires emportées, les produits de première nécessité, des whiskies en sachets ainsi que des paquets de cigarettes. Déplorant la régularité de ces actes dans le marché, la maman d’une cinquantaine environ, cherche un nouveau comptoir dans un autre marché.

« Je suis fatiguée du vol à Mokolo, je ne peux même plus vivre en paix. Il y a des grandes boutiques, ils ne partent pas là-bas, c’est sur mon petit comptoir qu’ils viennent. Je suis déjà en train de chercher comment avoir un nouveau local dans un autre marché en espérant que ce que j’ai subi à Mokolo ne me suive  là-bas ». Mokolo est réputé pour toutes formes d’agression, comme dans les grandes agglomérations de la ville,   seulement, la fréquentation et autre ne peuvent cesser dans ces zones. Les personnes questionnées indiquent qu’il faudrait mettre un accent particulier sur la sécurité. « Peut-être il  faut envoyer plus d’hommes en tenue là-bas. Même comme dans ces coins on t’agresse même devant les policiers. Mais je pense qu’une majorité va baisser les actes », indique un riverain.

Divine KANANYET

4-Odza : Les cambrioleurs dictent leur loi

Les populations de ce quartier de l’arrondissement de Yaoundé IV et environs vivent dans la peur au quotidien à cause des cambriolages qui s’y font fréquemment par des individus sans foi ni loi.

Si le quartier est connu pour son calme, ses très belles bâtisses et sa proximité avec l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen, il est  devenu depuis quelques années, le fief des cambrioleurs. Les riverains subissent des cas récurrents de cambriolage. C’est le cas de la famille Atangana résidant dans une maison encore en construction. Au cours de leur sommeil,  les voleurs ont emporté les antivols, les portes, les bouteilles à gaz et même des effets personnels de la famille. Ce sont les cris de la benjamine qui vont réveiller et  alerter  les autres membres de la famille et le voisinage, qui vont constater avec tristesse, les conséquences du passage de ces hors la loi dans leur concession.

Des scènes telles que celle de la famille Atangana, les populations en vivent tous les jours, peu importe l’heure de la journée. Il est devenu difficile de faire la lessive et de la sécher parce qu’une fois le dos tourné, les vêtements sont dérobés. L’insécurité va un peu plus loin car il est devenu difficile de se trouver dehors à une certaine heure de peur de se faire agresser. Au quotidien, les populations vivent avec la peur dans le ventre en se demandant à qui le tour ?

Lyse Davina Nguili

5-Essos : Le fief du viol Il n’est pas évident de se promener à des heures tardives dans ce quartier situé dans l’arrondissement de Yaoundé 5e

Francis a grandi au quartier Essos, dans l’arrondissement de Yaoundé V. et jusqu’aujourd’hui, le jeune garçon faisant carrière dans la sécurité n’a gardé que des mauvais souvenirs de ce quartier réputé dangereux par les populations. « Il n’est évident pour une jeune fille de se balader à Essos à des heures tardives. Quand je vivais encore avec mes parents, on suivait tous les soirs comment les filles crient à l’aide parce qu’elles sont victimes de viol. C’est grave avec le viol à Essos », explique-il. Et d’ajouter, « Même dans les bars, c’est grave. Le mieux est de marcher en groupe. Quand vous êtes nombreux, la situation est moins grave parce que ces gars se méfient ».

Apparemment, le viol ne concerne pas seulement les femmes. « Même les hommes sont en danger. Vous allez dans un snack bar ou boite de nuit à Essos et vous vus laissez emporter par le sommeil, vous êtes un mort. Vous allez vous réveiller avec les fesses trouées. Parfois, vous êtes un peu discrets, on introduit de la drogue dans votre verre et quand vous buvez, vous perdez conscience les gars vous embarquent et vous vous réveiller avec du sang dans l’anus et partent. Il y a trop de pédophilie dans ce quartier », raconte Alain. Curieusement, dans les indiscrétions, l’on apprend que ces badauds effectuent leur sale besogne au su et vu des forces de sécurité et de maintien de l’ordre. « Vous croyez que les hommes en tenue ne sont pas courant ? Non ! Ils le savent. Mais c’est difficile de mettre main sur ces gars. Ils sont protégés et couverts par des grosses têtes de ce patient. Le pays ci est gâté mon frère », regrette le jeune homme. Pour éviter de tomber dans la gueule de ces personnes mal intentionnées, certains parents sont stricts sur les mouvements de leurs progénitures en journée comme en soirée. Voilà pourquoi certains parents ferment leur portail à 18h, question d’être à l’abri.

6-Mvog Ada et Nkoldongo : Laboratoire du vol

Le vol fait désormais partie du train-train quotidien des jeunes de ces quartiers situés au plein cœur de la cité capitale.

Nkoldongo et Mvog-ada sont deux quartiers limitrophes. Situés respectivement dans les arrondissements de Yaoundé 4e et 5e, les opérations de vol y sont plus récurrentes dans la nuit. « À  Mvog-ada et Nkoldongo, le vol se passe plus dans la nuit. Les chaussures, vêtements, assiettes. Les voleurs dans ces quartiers n’ont pas de préférence. Ils volent tous ce qu’ils trouvent sur e chemin. Il faut juste être prudent pour éviter d’être une victime », Maxime. Adeline est propriétaire d’un salon de coiffure depuis sensiblement 5 ans, non loin du lieudit « Mobile Nkoldongo ». « Il arrive parfois que je rentre tard quand j’ai assez de cliente. On ne passe pas 15minutes sans apercevoir un jeune qui sort d’un couloir avec un téléviseur ou tout autre appareil. Et ce qui est énervant, ils vendent ces appareils à des prix méprisants », indique la jeune dame.

Pour faire face à ces cas fréquents de vol, certains ont opté pour les cadenas avec système d’alarme. « Avec le cadenas avec système d’alarme, vous êtes un peu en sécurité, même quand vous n’étés pas. Parce que quand le voler touche la porte, elle commence à crier et ça peut alerter les maisons voisines. Ou alors, il faut avoir des cadenas solides », explique un jeune homme. D’autres par prudence privilégient les portes en fer. « Quand c’est la porte en fer, c’est difficile pour le voleur de casser. Et aussi, ça fait tellement du bruit au point où, si les voisins sont là, ils peuvent intervenir », renchérit Céline. Dans une cité au quartier Mvog-ada, les locataires ont créé un groupe Whatsapp pour s’informer des mouvements dans leur cité. « Ce groupe nous aide beaucoup. Quand une personne est à la maison, et que les autres ne sont pas là, il peut facilement tenir au courant les autres. Et depuis l’ouverture de ce groupe, nous sommes dans la sécurité », explique le concierge.

7-Etam-Bafia : Un bloc « aggressoire »

De jour comme de nuit, les cas d’agressions sont récurrents dans ce quartier situé dans l’arrondissement de Yaoundé 4e

Le quartier Etam-Bafia est l’un des secteurs dans l’arrondissement de Yaoundé 4e le plus cité lors des débats sur l’insécurité. Situé à un jet de pierre du Carrefour Mvog-Mbi, la drogue est l’activité la mieux exercée par les jeunes de cette zone. Enfants, adultes comme vieillards, le premier constat est que la majeure population est accro à la cigarette. « On agresse à Etam-Bafia en plein jour. Quand les gars sentent que tu es un nouveau ou tu es moins concentré, on te serre et t’arrache tout. Même les conducteurs de moto ont peur du secteur », confie Raphaël. Et de poursuivre, « quand un moto-man vous emmené à Etam-Bafia et qu’il commence à un prendre des raccourcis bizarres, il faut descendre ou crier à l’aide. Sinon, il va vous dépouiller de tous vos biens ».

Quant à la drogue, « c’est le plus gros problème de ce quartier. Presque tous les jeunes de ce quartier fument le chanvre ou se droguent. C’est d’ailleurs ces stupéfiants qui les poussent généralement à agresser les gens. C’est leur source de motivation ». Curieusement, ce quartier est situé entre deux postes de commissariats, notamment celui de Coron et Nkoldongo. Et malgré les opérations de patrouilles menées parfois par les forces de sécurité et de maintien de l’ordre pour décanter la situation, les grimaces de ces hommes en tenue n’effrayent pas ces jeunes de ce quartier. « Nous sommes parfois fatigués de corriger ces gens. Ils ne changent pas. Certains sont apparemment habitués à ces cellules ; quelqu’un sort de la cellule aujourd’hui et on l’attrape le même soir. Des repris de justice. C’est grave. Certains sont même connus dans les postes de commissariats et gendarmeries », confie une source sécuritaire. 

Emmanuel Eboua

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