Alors que les espèces sauvages sont de plus en plus menacées, une étude révèle que les Camerounais consomment davantage les espèces les plus vulnérables, notamment en milieu urbain. Les autorités et les ONG multiplient les initiatives pour inverser cette tendance.
La consommation de viande de brousse est une pratique profondément ancrée dans les cultures africaines, notamment au Cameroun. Cependant, cette tradition millénaire met en péril la survie de nombreuses espèces animales. Une récente étude scientifique révèle des tendances inquiétantes: les espèces les plus menacées sont davantage consommées dans les centres urbains du pays.
Selon cette étude, menée par des chercheurs camerounais et étrangers, les marchés ruraux privilégient les espèces moins protégées, tandis que les villes concentrent la demande pour les espèces les plus rares et les plus chères, comme le pangolin. Ce mammifère édenté, recouvert d’écailles, est particulièrement prisé en Asie pour ses supposées vertus médicinales, ce qui en fait l’une des espèces les plus braconnées au monde.
Les restaurants, épicentre du commerce illégal
Les restaurants jouent un rôle central dans ce commerce illégal. De nombreux établissements, notamment dans les grandes villes comme Yaoundé et Douala, proposent de la viande de brousse à leur menu, attirant une clientèle à la recherche de mets exotiques.
Pour lutter contre ce phénomène, l’ONG WildAid a lancé une campagne de sensibilisation auprès des restaurateurs, les incitant à retirer le pangolin de leurs menus. En parallèle, le gouvernement camerounais a adopté une nouvelle loi faunique qui durcit les sanctions contre le braconnage et le commerce illégal des espèces sauvages.
Les défis à relever
Malgré ces initiatives, de nombreux défis subsistent. La pauvreté, le manque de sensibilisation et la faiblesse des contrôles sur les marchés constituent autant d’obstacles à la lutte contre le braconnage. De plus, la demande en viande de brousse, notamment dans les milieux urbains, reste forte.
Les solutions envisagées
Pour inverser cette tendance, plusieurs pistes sont explorées: Renforcement des contrôles: Les autorités doivent intensifier les contrôles sur les marchés et les points de vente de viande de brousse. Sensibilisation des populations: Il est essentiel de sensibiliser les consommateurs aux conséquences de leur consommation sur la biodiversité. Promotion d’alternatives: Encourager la consommation de viande d’élevage et développer des produits de substitution à la viande de brousse. Soutien aux communautés locales: Impliquer les communautés locales dans la gestion des ressources naturelles et leur offrir des alternatives économiques à la chasse.
La préservation de la biodiversité camerounaise est un enjeu majeur. La lutte contre le braconnage et la consommation de viande de brousse nécessite une action concertée de tous les acteurs: gouvernements, ONG, communautés locales et citoyens.
Désiré Effala
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