Un rapport récent de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) met en lumière l’ampleur croissante de la criminalité liée aux espèces sauvages, malgré des efforts significatifs pour lutter contre ce phénomène. L’analyse de plus de 140 000 saisies de trafic entre 2015 et 2021 révèle l’implication de puissants groupes criminels organisés, soulignant la complexité de cette problématique souvent ignorée du grand public.
Selon le rapport, bien que des progrès aient été réalisés dans la lutte contre le braconnage d’espèces emblématiques comme les éléphants et les rhinocéros, le trafic d’espèces sauvages demeure une menace persistante. Les experts de l’ONUDC indiquent que cette criminalité a des répercussions mondiales profondes, souvent mal comprises, touchant près de 4 000 espèces chaque année.
Le rapport souligne les conséquences désastreuses du trafic illégal sur la biodiversité, citant des espèces végétales menacées comme les orchidées et certaines plantes succulentes en Afrique du Sud. En Afrique, la collecte illégale de produits dérivés d’espèces protégées a contribué à l’extinction de plusieurs espèces. Les biens issus du braconnage, notamment la corne de rhinocéros et les pangolins, sont parmi les plus lucratifs, avec des estimations alarmantes concernant leur trafic.
La situation est particulièrement préoccupante dans le bassin du Congo, où la criminalité transnationale organisée intensifie la menace pesant sur des espèces rares comme les chimpanzés et les gorilles. Dr Abias Maniragaba, chercheur en conservation, souligne que malgré les mesures mises en place, la situation dans cette région reste critique.
La Directrice exécutive de l’ONUDC, Ghada Waly, appelle à des interventions renforcées et ciblées pour lutter contre cette criminalité. Elle insiste sur la nécessité d’unir les efforts au niveau de l’offre et de la demande, tout en renforçant les capacités d’application de la loi. Selon le rapport, la corruption et l’impunité continuent d’entraver les efforts de lutte, rendant les violations de la loi souvent sans conséquences.
Face à ce défi, plusieurs pays d’Afrique de l’Est, dont le Rwanda et la Tanzanie, ont élaboré des stratégies régionales pour contrer le braconnage, mettant l’accent sur la collaboration et l’implication des communautés locales. Les résultats commencent à se faire sentir, avec une réduction des cas de braconnage au Rwanda, où des efforts collectifs ont permis de diminuer le nombre de pièges posés.
Malgré ces avancées, les experts avertissent que le trafic d’espèces sauvages se transforme et se déplace en ligne, rendant plus difficile la lutte contre ce phénomène. Les dommages causés à la nature, à la santé publique et à l’économie locale sont incalculables, soulignant l’urgence d’une action concertée pour préserver la biodiversité mondiale.
Le rapport de l’ONUDC appelle à une mobilisation accrue de la communauté Internationale pour lutter contre le trafic d’espèces sauvages. Le temps presse pour préserver notre patrimoine naturel et garantir un avenir durable pour les générations à venir.
Mireille Siapje/ mongabay.com
lire aussi : Douala : La ville envahie par des rats.