Cet engagement intervient dans un contexte marqué par les importantes inondations de 2022 qui ont durement frappé le secteur agricole à l’Extrême-Nord du Cameroun, notamment la filière rizicole. A relever par ailleurs que, le déficit de 507 375 tonnes de riz blanc fragilise la sécurité alimentaire du pays et le rend vulnérable aux fluctuations des prix sur le marché international.
L’année 2022 restera gravée dans les mémoires comme celle des inondations les plus dévastatrices de ces 100 dernières années dans la vallée du Logone. La Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (SEMRY), acteur majeur de la production de riz dans la region de l’Extrême-Nord, a été particulièrement touchée. En effet, ses récoltes ont chuté de 10,2% par rapport à l’année précédente, passant de 78 350 tonnes à 70 324 tonnes.
Les pluies diluviennes du mois d’août 2022 ont causé d’importants dégâts, détruisant plus de 530 hectares de rizières. Ces conditions climatiques extrêmes ont non seulement réduit les superficies cultivées mais ont également affecté les rendements.
Malgré ces difficultés, la SEMRY a affiché une détermination sans faille à vise une production de 80 000 tonnes de riz paddy en 2023. Pour atteindre cet objectif, l’entreprise avait alors prévu de cultiver 12 500 hectares. Cependant, cette ambition n’ était pas sans compter sur de nouvelles inondations qui viendraient à se produire.
Le défi de doubler la production de riz d’ici 2025 est immense et nécessite une mobilisation de tous les acteurs. Plusieurs enjeux sont à relever notamment, l’adaptation au changement climatique compte tenu du fait que les inondations récurrentes soulignent la nécessité de mettre en place des stratégies d’adaptation au changement climatique, telles que la diversification des variétés de riz, l’amélioration des systèmes d’irrigation et le renforcement des infrastructures.Un accompagnement fort des pouvoirs publics est indispensable pour investir dans la recherche agricole, la formation des producteurs et la promotion de pratiques agricoles durables. Aussi, il est crucial de développer les filières de transformation et de commercialisation du riz afin d’améliorer la valeur ajoutée et de garantir des revenus stables aux producteurs.
Le Mayo-Danay est confronté à un défi de taille mais également à une opportunité de développer une agriculture plus résiliente et plus productive. La réussite de cet objectif dépendra de la capacité des acteurs à travailler ensemble et à mettre en œuvre des solutions innovantes.
Il faut noter que, le Cameroun fait face à un déficit de près de 507 375 tonnes de riz blanc en 2024, la production nationale ne couvrant qu’environ 22% des besoins.Avec une production nationale estimée à 140 710 tonnes, le pays accuse un manque de 507 375 tonnes de riz blanc pour satisfaire une demande de 648 085 tonnes. La production nationale de riz blanc, ne couvrant donc qu’un quart des besoins, fragilise la sécurité alimentaire du pays et le rend vulnérable aux fluctuations des prix sur le marché international
Mireille Siapje
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