Agriculture

« Le Programme alimentaire mondial pense que le monde est au bord d’une pandémie de faim »

Dr EMBOLO ENYEGUE Elisée Libert, Spécialiste en étude d’impact environnemental

Stratège en dépollution des écosystèmes, Président EcoClean Environnement 

Quelle est votre description du Covid-19 ?

Le corona virus est une maladie, zoonose virale. Elle est causée par des souches de type Sars cov 2. Les symptômes les plus fréquents sont la fièvre, la toux, la fatigue et la gêne respiratoire. Dans les formes plus graves, il y a l’apparition d’un syndrome respiratoire aigu proche de la mort. Celle-ci est plus dangereuse chez les personnes âgées du fait de leurs âges.

 C’est le 30 janvier 2020 que l’organisation mondiale de la santé (OMS) décide de déclarer le Covid -19 comme étant une pandémie mondiale. Ainsi cette maladie a eu des impacts dans presque tous les domaines d’activité du monde Actuel. La pandémie du Covid-19 est une maladie préoccupante.

Quelle est l’incidence de la pandémie sur l’économie au niveau local et global ?

La situation est inquiétante. Les « Bsi-economics » ont démontré que l’impact direct du  Covid-19 est plus ressenti sur les populations d’un point de vue économique. L’épidémie risquerait d’attaquer aussi le niveau de vie des populations les plus pauvres. La situation actuelle risque donc d’aggraver la situation économique existante. C’est ce que précise le rapport de « Bsi-economics »  de cette année.

La crise économique générée par la pandémie, pourrait entrainer une hausse du chômage de 25 millions de personnes dans le monde entier. Elle anticipe aussi, une baisse du revenu des travailleurs susceptibles d’atteindre 3.4 milliards de dollars. Les implications négatives de cette pandémie sur les économies sont le fléchissement de la demande finale de biens et services importés, l’arrêt de l’activité touristique, la détérioration de la confiance des entreprises et des consommateurs. C’est le ralentissement de la demande mondiale couplée à l’incertitude sur la propagation de la pandémie. Ce qui crée une panique sur les marchés financiers. On a vu la chute du taux d’intérêt des obligations du trésor américain à un taux historiquement bas repris des bourses des actions. La chute des prix des matières premières aux prix les plus bas depuis 18 ans.

Au Cameroun, le panier de la ménagère demeure difficile à ravitailler puisque les produits coûtent de plus en plus chers et les populations de plus en plus pauvres.

Peut-on dire que la situation arrange l’environnement mondial ?

En termes d’impact sur l’environnement avec une économie à l’arrêt la pandémie du Covid -19 a eu plusieurs effets induits sur les marqueurs environnementaux. Nous avons la diminution estimée des émissions de Gaz à effet de serre à 45 millions de tonnes. La baisse pour 2020 des émissions de gaz à effet de serre est estimée entre 5 et 15% si nous continuons dans cette crise. Avec une forte incertitude sur la reprise au second semestre au niveau mondial, l’agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit un recul global de 5 % pour l’année en cours. La qualité de l’air s’est améliorée dans les grandes villes avec la baisse du trafic routier et aérien.   Effectivement l’activité économique est en arrêt, il y a moins de trafic routiers, moins d’échanges. Cependant, il faut relever que, la stagnation du taux de particules fines montre à quel point l’agriculture est contributrice de la pollution atmosphérique. Donc on devrait dans une certaine façon essayer de voir comment combler ou bien pallier à ces émissions de l’Agriculture. On ne peut pas abandonner l’agriculture, mais il faut trouver les moyens adéquats pour diminuer la pollution engendrée par  l’agriculture. Une nouvelle étude américaine publiée dans la revue médical  MedRxiv  relie la pollution de l’air à la létalité au covid-19. Cette étude montre que les individus qui habitent dans les régions les plus polluées font plus la maladie du Covid 19, font plus la maladie que ceux qui sont dans les régions les moins polluées.

Y a-t-il des risques de vaciller dans l’insécurité alimentaire ?

 La lutte contre la pandémie du Covid 19 a été essentiellement basée sur le confinement. Cependant le confinement ne peut se faire que si tous les éléments sont réunis pour la population. Le constat est que près de 70% de la population mondiale ne s’est pas  confiné. Les populations ont peur de mourir de faim. Ces derniers vivent au jour le jour. Certains États se chargeaient de ravitailler les populations ce qui n’a pas été possible dans tout le monde entier.  La pandémie du covid-19 montre clairement le besoin de travailler pour l’éradication de la faim dans le monde. Le Programme alimentaire mondial pense que le monde est au bord d’une pandémie de faim.

Avez-vous évalué la vulnérabilité des peuples autochtones, des jeunes et des indigènes ?

Nous avons pu observer que dans cette pandémie du Covid -19, les individus les plus atteints sont âgés de 55 ans. Les jeunes sont moins attaqués par cette pandémie. La vulnérabilité accrue des peuples autochtones est reliée à leurs conditions de vie précaire. Certains vivent dans les quartiers défavorisés des grandes villes. D’autres vivent dans les camps de fortune au bord des routes après avoir été chassés de leurs terres. La difficulté economique vient s’ajouter à la difficulté de distanciation sociale du fait du fait des territoires congestionnés des peuples autochtones dont l’économie dépend de la vente des produits agricoles. La pandémie vient mettre en péril leurs revenus et leur risque de basculer très rapidement dans la pauvreté.

L’autre problème est celui de l’accès aux soins. L’éloignement géographique des centres de santé, et l’absence d’investissement dans certaines de ces zones marginalisant volontairement ces peuples dans l’accès aux services essentiels. À cela s’ajoute, les difficultés culturelles dans la pratique de la médecine. L’accès à l’information est difficile en raison des différences linguistiques  et l’accès à internet.

A l’issue de cette crise, les politiques devraient revoir la question de la gestion des peuples indigènes.

Quen est-il de la gestion des déchets dont on ne parle pas beaucoup ?

Concernant la gestion des déchets, il a été constaté que les déchets hospitaliers générés suite à la pandémie sont nombreux et sont destinés à être incinérés en raison de leur dangerosité. Le traitement de ces déchets notamment de ceux de type B-2  s’effectue via la pro-incinération. Il est important que cette méthode de gestion des déchets soit généralisée dans le monde.  Il est impératif  de s’assurer de l’éradication du fléau car il pourrait ressurgir si ces déchets sont rejetés sans être traités.

Les gouvernements doivent réaffirmer le caractère essentiel de l’activité de collecte et de traitement de déchets dans la vie de leurs nations. À cette heure, il n ya pas de directive à ce sujet. Et nous n’avons vraiment pas vu une amélioration de la gestion des déchets dans les differents pays qui ont été victimes du Covid-19. Les actions dans ce sens sont des initiatives personnelles  prises par les centres hospitaliers. Il va falloir harmoniser les procédés du local au global. Les collectivités territoriales et les administrations ont le devoir d’assurer cette tâche.Propos recueillis par William Tadum Tadum

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