Niché au cœur du Sahara algérien, le puits rose d’Ahga, célèbre pour ses eaux soufrées aux vertus thérapeutiques, fait face à de sérieux défis en raison du changement climatique et de l’intensification des activités humaines.
Le puits rose d’Ahga, situé à 80 kilomètres de Tamanrasset, est une véritable merveille de la nature. Réputé pour ses eaux d’une couleur rose caractéristique, riches en soufre, ce site attire chaque année de nombreux visiteurs en quête de bien-être. Cependant, ce joyau naturel est aujourd’hui confronté à de multiples menaces qui pourraient compromettre son existence à long terme.
La couleur rose de l’eau du puits est due à la présence de bactéries extrêmophiles qui prospèrent dans cet environnement riche en soufre. Ces micro-organismes jouent un rôle essentiel dans l’équilibre de cet écosystème unique. Toutefois, cet équilibre est fragile et peut être facilement perturbé par des facteurs externes.
Selon le professeur Ahmed Bouzid, géologue à l’université de Tamanrasset, “La composition chimique de l’eau du puits rose est le résultat de millions d’années d’évolution géologique. Toute modification de cet environnement, même minime, peut avoir des conséquences importantes sur la biodiversité locale.”
Le changement climatique représente une menace majeure pour le puits rose. Les épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents et intenses pourraient réduire le débit du puits et modifier la composition de ses eaux. Par ailleurs, les hausses de température pourraient favoriser le développement d’algues et d’autres organismes nuisibles, altérant ainsi la qualité de l’eau.
“Les modèles climatiques prévoient une augmentation des températures et une diminution des précipitations dans la région du Sahara”, explique le climatologue Fatima Benyahia. “Ces changements pourraient avoir des conséquences dramatiques sur les ressources en eau souterraine et sur les écosystèmes fragiles comme celui du puits rose.”
Si le tourisme peut contribuer au développement économique de la région, il représente également une menace pour le puits rose. L’afflux de visiteurs peut entraîner une pollution de l’eau, une dégradation des sols et une perte de biodiversité.
“Il est essentiel de mettre en place une gestion rigoureuse du tourisme pour préserver ce site exceptionnel”, souligne le directeur de l’Agence nationale des parcs nationaux. “Cela passe par la création d’une aire protégée, la limitation du nombre de visiteurs et la sensibilisation des populations locales.”
Pour préserver le puits rose d’Ahga, il est urgent de mettre en œuvre un plan de gestion durable qui associe protection de l’environnement et développement économique. Ce plan devrait notamment prévoir une surveillance scientifique régulière de la qualité de l’eau et de l’état de l’écosystème, la création d’une aire protégée autour du puits pour limiter les activités humaines, le développement d’un tourisme durable basé sur la sensibilisation à l’environnement et la mise en place de programmes de recherche pour mieux comprendre les mécanismes de fonctionnement de cet écosystème unique.
Désiré Effala /Rapport de l’Agence nationale des parcs nationaux sur les aires protégées en Algérie
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