Les forêts des Bamboutos, dans l’ouest du Cameroun, sont menacées par la déforestation, l’agriculture intensive et les effets du changement climatique. Face à ce défi, un projet de restauration des paysages forestiers, baptisé “AREECA” (Alliance pour la restauration des écosystèmes forestiers en Afrique) ,est en cours dans les communes de Batcham, Fongotongo et Babadjou.
Soutenu par la coopération allemande à travers la GIZ et la KfW, le projet AREECA vise à renforcer la résilience des communautés locales face aux impacts du changement climatique. Il s’agit d’un projet régional qui s’étend également au Kenya, au Malawi et au Rwanda. Au Cameroun, le projet AREECA est mis en œuvre dans les paysages des Monts Bamboutos, un massif volcanique qui culmine à 2000 m d’altitude. Débuté en 2020,il s’achèvera en juin 2025. Il est financé à hauteur de 3 millions d’euros par la coopération allemande. Dans le cadre du programme, des processus de restauration inclusifs devraient être menés sur 25 000 ha et des processus de planification prévues sur 1 million d’hectares supplémentaires. Toutes les activités sur le terrain sont mises en œuvre par la GIZ, l’UICN et le WRI conjointement avec des partenaires gouvernementaux, notamment le Ministère des forêts et de la faune et le Ministère de l’environnement, de la protection de la nature et du développement durable. “ À notre arrivée, nous avons constaté que, les forêts du département des Bamboutos ont subi beaucoup défrichement pour l’agriculture parce que la terre était très fertile et les populations voulaient vivre, c’est compréhensible,” explique Yeurgen, du projet du projet FLR/AREECA.
“Ils ont développé une autre approche culturale, c’est d’agencer à la fois les plantes et les arbres, parce que par le passé, les agriculteurs abattaient complètement les arbres au profit des produits de rente,” explique Cyrille Meli, entrepreneur agricole. Ce dernier fait comprendre que, le projet AREECA met en œuvre plusieurs actions concrètes pour restaurer les paysages forestiers des Bamboutos notamment : la délimitation et sécurisation des forêts communautaires, ceci permet de protéger ces espaces vitaux de la déforestation illégale.L’ élaboration de plans de gestion forestière qui permettent une exploitation durable des ressources forestières tout en préservant la biodiversité. La formation des communautés locales à la gestion forestière durable, ce qui permet de doter les populations locales de compétences nécessaires pour gérer efficacement leurs forêts. Le développement d’activités génératrices de revenus basées sur les forêts telles que, l’apiculture, l’agroforesterie et l’écotourisme qui permettent aux populations locales d’améliorer leurs conditions de vie tout en préservant leur environnement. Et, la sensibilisation des populations aux enjeux de la préservation des forêts. Par le canal du du gouvernement camerounais, des organisations de la société civile, telles que Rent Forest Alliance participent au projet AREECA.Cette collaboration étroite permet de garantir une approche inclusive et participative, impliquant toutes les parties prenantes dans la réussite du projet.
Lutter contre le changement climatique en restaurant les forêts
Le changement climatique est une menace majeure pour les forêts des Bamboutos, tout comme pour l’ensemble de la planète. L’augmentation des températures, la diminution des précipitations et la multiplication des événements climatiques extrêmes mettent à rude épreuve ces écosystèmes fragiles. “ Le changement climatique se ressent déjà beaucoup. Par exemple, cette année, nous n’avons plus eu des pluies régulières comme par le passé on a l’impression que pendant la saison des pluies, il y a des petites saisons sèches,” témoigne Mirène GUETSA, le maire de la commune de Batcham.”Sans la nature, l’Homme ne peut pas avoir sa raison d’être sur terre,” ajoute-t-elle.
Le projet AREECA contribue à atténuer ces effets en restaurant les forêts, qui jouent un rôle crucial dans l’absorption du CO2, l’un des principaux gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique.
La forêt sacrée de Mekoup au cœur du projet
Parmi les actions menées dans le cadre du projet AREECA, figure la protection de la forêt sacrée de Mekoup. Cette forêt, d’une grande importance culturelle et spirituelle pour les communautés locales, est menacée par la pression agricole et la dégradation partielle. Le projet vise à élaborer une convention locale de protection et à produire des plants d’espèces locales issues des semences et des sauvageons locaux. Ces plants serviront à l’enrichissement de la forêt et à l’échange avec d’autres forêts sacrées.
FLR/ AREECA est un exemple concret de la coopération entre le Cameroun et l’Allemagne dans la lutte contre le changement climatique. Il montre qu’il est possible de concilier la préservation de l’environnement et le développement économique des communautés locales. Ce projet est un modèle d’intervention qui peut être reproduit dans d’autres régions du Cameroun et d’Afrique.
Mireille SIAPJE
