Biodiversité

Mangrove : Leur destruction entraîne une perte irréversible de la biodiversité.

À l’occasion de la célébration de la Journée internationale pour la conservation de l’écosystème des mangroves, le 26 juillet 2024, le coordonnateur de l’association Action pour la protection et la restauration des mangroves APREM, Christel Boum, a lancé officiellement le projet de réhabilitation participative de 6 hectares de mangrove dans le village JEBALE, île fluviale de la région du Littoral.

La disparition progressive des mangroves au Cameroun est un phénomène préoccupant qui a de lourdes conséquences sur l’environnement et les communautés locales. La conversion des mangroves en terres agricoles, en zones d’habitation ou industrielles est l’une des principales causes de leur destruction. L’exploitation du bois de mangrove pour la construction, le chauffage ou la production de charbon de bois exerce une pression considérable sur ces écosystèmes. Les rejets industriels, agricoles et domestiques polluent les eaux et les sédiments, affectant la santé des mangroves et des espèces qui y vivent.

Le développement de l’aquaculture, notamment la crevetticulture, entraîne la destruction des mangroves pour aménager des bassins de culture. L’élévation du niveau de la mer, l’érosion côtière et les événements météorologiques extrêmes accélèrent la dégradation des mangroves. Les mangroves abritent une faune et une flore très riches, dont de nombreuses espèces endémiques. Leur destruction entraîne une perte irréversible de la biodiversité. Les mangroves protègent les côtes de l’érosion en atténuant la force des vagues et en stabilisant les sédiments. Leur disparition expose les côtes à l’érosion et aux inondations.

Les mangroves jouent un rôle important dans la filtration de l’eau. Leur disparition entraîne une dégradation de la qualité de l’eau et une diminution des ressources halieutiques. Les mangroves sont de puissants puits de carbone. Leur destruction libère du CO2 dans l’atmosphère, contribuant ainsi au réchauffement climatique. La disparition des mangroves a des conséquences socio-économiques importantes pour les communautés locales qui dépendent de ces écosystèmes pour leurs moyens de subsistance.

Chaque 26 juillet, la Journée mondiale de la Mangrove nous rappelle l’importance cruciale de ces écosystèmes uniques et fragiles. Ces forêts côtières, situées entre la terre et la mer, jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat, la protection de la biodiversité et la sécurité alimentaire de millions de personnes. Les mangroves stockent d’importantes quantités de carbone, contribuant ainsi à la lutte contre le changement climatique. Elles agissent comme des barrières naturelles contre l’érosion, les tempêtes et les tsunamis, protégeant ainsi les communautés côtières. Les mangroves abritent une multitude d’espèces animales et végétales, offrant un habitat essentiel pour de nombreuses espèces marines. Elles améliorent la qualité de l’eau en retenant les sédiments et les polluants.

Les mangroves fournissent des ressources alimentaires, du bois de construction et des produits médicinaux pour les populations locales. L’association Action pour la protection et la restauration des mangroves APREMA organise ce 26 juillet une excursion éducative dans la mangrove de l’arrondissement de Douala Quatrième, plus précisément au village JEBALE, île fluviale de l’estuaire du Wouri, pour le lancement officiel du projet de réhabilitation participative de 6 hectares de mangrove à Douala.

Les menaces qui pèsent sur les mangroves

Malgré leur importance, les Mangroves sont confrontées à de nombreuses menaces. La conversion des mangroves en terres agricoles, en zones urbaines ou pour l’aquaculture est l’une des principales causes de leur destruction. L’exploitation illégale du bois de Mangrove exerce une pression considérable sur ces écosystèmes. Les rejets industriels et agricoles polluent les eaux, affectant la santé des mangroves. L’élévation du niveau de la mer et les événements météorologiques extrêmes menacent la survie des mangroves.

La création de Parcs nationaux et de réserves naturelles permet de protéger les mangroves et leur biodiversité. Il est nécessaire de développer des plans de gestion durable des mangroves, en impliquant les communautés locales. La sensibilisation à l’importance des mangroves est essentielle pour changer les comportements et promouvoir des pratiques durables. Une meilleure compréhension des écosystèmes de Mangrove est indispensable pour mettre en place des stratégies de conservation efficaces. En agissant ensemble, nous pouvons préserver ces forêts côtières vitales pour notre planète et les générations futures.

Elvis Serge NSAA

 

 Réaction

« Les mangroves suffoquent à cause de l’action de l’homme »

 

Christel BOUM, coordonnateur de l’APREMA

 

Selon le coordonnateur de l’association Action pour la protection et la restauration des mangroves APREMA, 30 % de la population du pays vivant dans les zones côtières tire ses moyens de subsistance et des ressources de la mangrove, notamment par l’exploitation des produits halieutiques, ligneux et non-ligneux et du bois.

 Quelle est la situation des mangroves au Cameroun? Elle n’est pas très reluisante à ce qu’il parait?

Oui, elle ne l’est pas parce qu’actuellement au Cameroun, nous n’avons pas des textes spécifiques pour les mangroves. L’on parle beaucoup plus des forêts de terre sèche. On fait des inventaires et des évaluations. Mais ce n’est pas quelque chose qui est très accentué au niveau des mangroves. Il faut l’action des organisations de la société civile comme par exemple APREM pour apporter un soutien pour la préservation de ces espaces qui sont importants pour nous tous.

On parle au moins de frontière entre la terre et la mer abritant des palétuviers. Des études ont d’ailleurs montré que 30 % de la population du pays vivant dans les zones côtières tire ses moyens de subsistance et des ressources de la mangrove, notamment par l’exploitation des produits halieutiques ligneux et non-ligneux et du bois. Quand on va regarder les gars qui braisent la viande de bœuf, la plupart utilisent le bois de mangrove, car c’est un bon bois qui a la capacité de brûler même en étant mouillé. Ce bois donne une bonne coloration à la viande. C’est pourquoi les femmes l’utilisent généralement pour fumer du poisson. Car il a une bonne emprunte carbone.

En cette journée internationale, l’association Action pour la protection et la restauration des mangroves a prévu une excursion éducative dans la mangrove de l’arrondissement de Douala IV, plus précisément à Bonaberie dans le village JEBALE. Vraiment, les gens sont tellement motivés à vouloir participer et comprendre l’importance de cette action parce qu’ils ne savent pas ce qu’un hectare de mangrove peut absorber en terme de dioxyde de carbone, ce qui est l’équivalent de plus de 20 hectares de forêt sèche. Imaginez-vous toutes les inondations que nous avons dans la zone du littoral, mais grâce à la mangrove, notamment avec un seul hectare, il absorbe 15 000 mètres cubes d’eau et les stocks dans son sol.

Alors, si je vous comprends bien, les mangroves servent également de barrière contre l’érosion du continent?

Les mangroves sont une superbe barrière contre l’érosion côtière. C’est la zone idéale pour la reproduction des ressources halieutiques de différents poissons, des mammifères marins. Le problème maintenant est de trouver des moyens de gérer rationnellement les ressources de la mangrove tout en mettant l’homme au centre en lui faisant comprendre la nécessité de préserver cet écosystème qui est très important pour lui. Parce qu’il ne s’agit pas simplement d’interdire la destruction des mangroves, une répression sans solution n’a aucun impact.

Il vous a semblé utile d’opter pour une solution de résilience économique des populations riveraines à travers des formations pratiques ?

OUI, parce qu’interdire à quelqu’un de ne pas couper sans toutefois lui donner une solution est vain. Il demandera ce qu’il doit faire à présent et le mettra dans une situation sans solution.

Voilà ce qui explique le lancement de votre projet de réhabilitation participative de 6 hectares de mangrove à Douala?

À travers ce projet, nous avons déjà mené une première phase d’action d’autonomisation des populations sur la formation, sur l’élevage des escargots et des hannetons. C’est un projet qui porte déjà beaucoup de fruits parce qu’ils ont compris qu’il y’a une source de revenu qu’on peut utiliser sans toutefois prendre des risques. Ainsi, il est question de reboiser et d’apporter une autonomisation financière aux populations.

Il faut sauver l’écosystème de la mangrove, d’où cet appel à l’action en cette Journée internationale pour la conservation de l’écosystème de la mangrove?

Bien évidemment. Il faut d’abord commencer par l’éducation en amenant les gens à comprendre qu’il est important de préserver cette ressource naturelle. Ce n’est pas tout le monde qui a la chance de posséder une mangrove, car plusieurs pays possèdent des façades maritimes mais n’ont pas de mangrove.

C’est également une véritable destination touristique si l’on ne citera que l’île de Manoka?

Oui, l’île de Manoka est un véritable site touristique, nous avons par exemple l’île de CAP-Cameroun, lieu où les Portugais ont vu les crevettes et l’ont nommé Riodos-Camaroes. C’est une île qui disparait en marée haute et où l’on voit des maisons sur pilotis. Les déplacements se font en pirogue et en marée basse. Il fait bon vivre, la circulation est fluide. Ce genre d’endroit nécessite une préservation.

 

Vous tirez la sonnette d’alarme, certes, mais quel est le message ou SOS?

Le message ou SOS est que les mangroves suffoquent à cause de l’action de l’homme. IL serait important de restaurer cette nature qui nous a tout donné en menant des actions de préservation et de conservation.

 

Angélique EKAMAN Stg

 

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