Sous pression de la société civile (Osc) et d’Organisation Non Gouvernementale (Ong), le gouvernement du Cameroun décide d’annuler le feu vert qu’il avait initialement donné en vue d’exploiter la forêt vierge d’Ebo, au nord de Douala, la capitale économique. Depuis lors, plus aucune démarche n’a été entrepris pour rentabiliser l’un des sites les plus riches en matière de biodiversité du pays.
La forêt d’Ébo ce n’est pas loin de 1.500 kilomètres carrés de pentes montagneuses et de vallées fluviales dont la canopée épaisse des arbres abritent un éventail d’espèces. En effet, la forêt d’Ébo avec ses rivières à débit rapide fournit un habitat important par exemple, à la grenouille Goliath, qui est classée comme en danger d’extinction par la Liste rouge de l’Uicn. Comme les autres amphibiens, les grenouilles Goliath sont de bonnes espèces indicatrices de la santé de leur écosystème. Une des raisons possibles de leur déclin peut être la chasse par les humains pour se nourrir ; plus les grenouilles adultes sont chassées, moins il en reste pour se reproduire. Les enquêtes indiquent que la forêt d’Ébo contient une petite population transitoire d’éléphants de forêt. Ils sont généralement, plus petits que leurs cousins éléphants de savane, ce qui leur permet de se faufiler à travers le feuillage dense des forêts tropicales d’Afrique centrale. La forêt d’Ébo abrite également l’une des deux seules populations restantes de colobe bai de Preuss. C’est un singe en danger critique d’extinction qui se classe parmi les primates les plus menacés au monde.
Les animaux ne constituent pas la seule forme de vie sauvage en danger d’extinction. Après que le genre végétal ‘’Pseudohydrosme’’a été décrit pour la première fois au Gabon en 1892, il n’a plus été observé par les scientifiques jusqu’en 1973. Pendant longtemps, la communauté de chercheurs a cru que ce genre ne comprenait que deux espèces – à la fois de grandes plantes bizarres originaires du Gabon mais semblant mieux adaptées à la science-fiction. Cependant, en 2018, une troisième espèce a été découverte dans la forêt d’Ébo au Cameroun. Malheureusement, l’espèce attend encore une description scientifique.
Au vue de toutes ces richesses la mise en place d’une aire protégée a été proposée pour sauvegarder la faune de la région. En attente d’une réponse peut-être favorable, cette désignation demeure en suspens. Et entre-temps, des plantations d’huile de palme empiètent sur la forêt.
En attendant, la chasse tout comme un revirement sur le lancement d’une exploitation forestière de centaine d’hectares de la zone non exclue, constitue une grande menace, car les singes vivant au sol sont des proies faciles pour les braconniers ayant des chiens de chasse.
Carole AMBASSA