Agriculture

Récoltes agricoles De mauvaises résultats dans le Moungo

A l’origine du petit rendement fourni par les sols, des perturbations climatiques.

 

Dame Jeannette Ekedi, est cultivatrice à Melong dans le département du Moungo, village qualifié de « grenier du Moungo», une localité agricole par excellence. Elle qui était habituée à produire 10 à 25 sacs de maïs par saison, n’en a pas atteint 5 cette même période de l’année. «j’ai aménagé 2 hectares de terrain, j’ai attendu les 3 premières pluies tombées avant de mettre les graines sous terre. Seulement, le soleil est revenu à la charge, arrêtant l’évolution normale des pouces. Et cela a duré des semaines et des semaines. Et comme le maïs a un temps de croissance bien limitée, les plantes ont commencé à produire des fleurs, avec des petites tailles. Quand la pluie revient encore, c’est trop tard. A la récolte, ce sont des petits épis sans aucune consistance.», explique la cultivatrice.

 

Dans le village Yato, arrondissement de Dibombari, les récits sont identiques, Dame Etondo, a loué presque 2 hectares pour cultiver le maïs et les pistaches, peine perdue « comme par le passé, il fallait attendre les 3 premières pluies du mois de mars. J’ai engagé des jeunes pour ce travail. En trois semaines, tout était ok. Seulement on a vécu des moments de soleil qui asséchait plutôt les sols. Au moment des récoltes, ce sont des petits épis de maïs et les toutes petites cabosses de pistaches. On a travaillé presque pour rien. Donc les produits agricoles vont coûter plus chers dans nos marchés cette saison », annonce-t-elle.

 

 

Dans l’arrondissement de Bonalea, les cultivateurs de pastèques sont en larmes. Bertrand Mangolo installé dans le village Mangamba voit ses pertes « cela va faire successivement 5 à 7 jours qu’une seule goutte de pluie n’est tombée ici au village. Et les pastèques ne vont rien donner sans eau. Et nous n’avons aucun moyen d’arroser ces vastes étendues. A la récolte, ce seront les petites pastèques qui vont sortir et ce sera pris au rabais. Il faut même qu’il y ait d’abord production», dit-il aussi.

 

A Bomono gare village, dame Mélanie déplore la tonne d’énergie dépensée pour semer le maïs et les pistaches aussi. « Le soleil a empêché l’évolutions des jeunes pousses. Je n’ai presque rien eu sur les 750 m² que j’ai quémandés. Regardez-vous-même les petites cabosses de pistaches, ça va donner quoi ?», s’est-elle interrogée en nous montrant la production gardée dans un coin derrière la maison.

 

Pour Pierre Chekem, « Chez nous, le climat est un facteur explicatif important de la production agricole. Je veux dire que si les pluies tombent très peu, cela va entraver le développement des plantes, limitant de ce fait la productivité. Et c’est que nous vivons dans presque tout le pays en ce moment », explique l’environnementaliste. Pour lui encore, « Au-delà de certains seuils de température, les rendements agricoles vont diminuer, puisque l’accélération du processus de croissance s’accompagne d’une moindre production de grains. De plus, l’augmentation de la chaleur modifie la capacité des plantes à retenir et utiliser l’humidité. Ces situations ont de graves conséquences sur les productions agricoles je veux parler ici, des températures trop élevées, tout comme l’assèchement des sols. Tout cela nuit au développement des végétaux. La canicule peut entraîner une perte de 20 à 30% des récoltes si ce n’est plus», explique M. Chekem.

 

Baisse du rendement, pertes financières

Dans une étude réalisée en 2019 par l’Observatoire national des changements climatiques (Onacc) portant sur l’évaluation de l’impact économique des perturbations climatiques sur les rendements agricoles des régions du Centre et de l’Est qui sont une zone agro-écologique forestière à pluviométrie bimodale, de l’Extrême-Nord qui est une zone agro-écologique soudano-sahélienne et du Sud-Ouest qui est une zone agro-écologique forestière à pluviométrie monomodale. Le document s’est penché sur la période comprise entre 1998 et 2012. Et les résultats de l’étude ont montré que dans la région du Centre, « les pertes moyennes annuelles résultant de la baisse des rendements du haricot, du plantain, de l’arachide, du manioc et du maïs s’élèvent respectivement à : 644 484 969 Fcfa, 6 989 557 031 Fcfa, 149 224 602 Fcfa, 5 913 496 505 Fcfa et 172 074 819 Fcfa », lit-on.

 

Le même rapport avait alors indiqué que « les plus bas rendements de ces cultures dans la région du Centre sont globalement enregistrés lorsque la température moyenne annuelle est comprise entre 26,1 et 26,3° C. Dans la région de l’Est, les pertes moyennes annuelles résultant de la baisse de rendements de maïs et de l’arachide ont été estimées respectivement à : 194 087 512 Fcfa et 572 744 858 Fcfa.»

 

S’agissant de la région de l’Est, le document avait indiqué que « les rendements du maïs et de l’arachide sont les plus bas lorsque la grande saison des pluies compte entre 55 et 59 jours ».

 

Dans la région de l’Extrême-Nord, « les pertes économiques moyennes annuelles de la baisse de rendements sont estimées à : 1 332 600 440 Fcfa pour l’arachide, 2 672 164 142 Fcfa pour le maïs, 265 762 840 Fcfa pour l’oignon, 256 183 704 Fcfa pour le riz et, pour le mil/sorgho 2 694 465 560 Fcfa ». Dans cette même région, « les rendements du mil/sorgho et du riz quant à eux restent les plus bas lorsque les pluies tombent pendant quatre mois et demi à cinq mois, avec les quantités comprises entre 883,1 et 955,5 mm, et commencent pendant la deuxième quinzaine du mois de mai pour le mil/sorgho et pendant la troisième décade du mois d’avril pour le riz », explique ledit rapport de l’Onacc.

 

Et pour terminer avec la région du Sud-Ouest, l’étude a révélé que « les pertes économiques résultant de la baisse des rendements ont été estimées à : 428 383 660 Fcfa pour l’arachide, 18 336 733 Fcfa pour le plantain et 3 707 540 745 Fcfa pour le maïs. Les plus bas rendements des cultures du plantain et de l’arachide sont obtenus lorsque la température moyenne oscille entre 24,4 et 24,6°C et les quantités de précipitations sont comprises entre 2198,04 et 2518,28mm», a ressorti l’Onacc qui a prolongé les recherches et nous fait comprendre que : « les agriculteurs ont perdu 44 329 504 507 Fcfa. De 2012 à jusqu’en 2023, les pertes ont certainement connu des augmentations», le constat est clair.

Alphonse Jènè

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