Selon United nations environment programme (UNEP), près de70 000 hectares de forêts de mangroves du Cameroun décimés radicalement entre 1980 et 2006.
Le Cameroun à travers le ministère de l’Environnement et de la protection de la nature s’est joint à la communauté internationale pour célébrer jeudi, 02 février 2023, la 26ème journée mondiale des zones humides. D’après la climatologue Judith Cynthia Akamba Bekono, la journée mondiale des zones humides a été instituée en 1997. Cette journée est une occasion pour les protecteurs de la nature, d’informer et de sensibiliser les gouvernements, les communautés locales, la société civile sur les valeurs, les fonctions et l’importance de ces écosystèmes hautement riches et les enjeux liés à leur préservation et leur gestion sur la problématique des changements climatiques. Selon la Convention de Ramsar de 1971, les zones humides sont des étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres. Cette définition de droit international s’impose aux États plus qu’aux particuliers, sauf si une clause particulière précise l’effet direct du texte pour ces derniers.
La première zone humide d’importance internationale du Cameroun est la célèbre plaine inondable du Waza Logone (600 000 hectares). Ce site, qui englobe deux parcs nationaux et une réserve de la biosphère de l’UNESCO, couvre la totalité de la plaine inondable du bas-Logone, à l’extrême Nord du Cameroun, entre le Nigéria et le Tchad, dans le bassin du lac Tchad, entre les lacs Maga et Tchad. Cette région, qui représente environ 10% de la superficie des principales zones humides continentales du Sahel ouest-africain, compte plus de 100 000 habitants tributaires des produits des zones humides pour la pêche, le pâturage saisonnier et l’agriculture. Selon le Secrétariat exécutif du Réseau des aires protégées d’Afrique centrale (RAPAC), Sébastien Luc Kamga Kamdem, les zones humides, territoires de transition entre la terre et l’eau, constituent un patrimoine naturel irremplaçable et remplissent des fonctions «d’infrastructures naturelles » inégalables. D’après l’expert, les zones humides disposent d’une grande diversité biologique, avec des espèces endémiques et rares de faune et de flore, qui est pour la plupart inconnue dans certains endroits. Outre le fait de constituer d’importants réservoirs de biodiversité, les zones humides remplissent donc de nombreuses fonctions économiques, sociales et environnementales et ont un impact important sur la santé humaine.
Un patrimoine en danger
Les écosystèmes de mangroves y occupent une superficie d’environ 270 000 ha. En effet, près de 70 000 hectares de forêts de mangroves du Cameroun ont été décimés radicalement entre 1980 et 2006. Cette tendance à la dégradation représente un risque important de disparition totale à terme puisque moins de 7% des mangroves se retrouvent actuellement à l’intérieur des aires protégées déjà classées. Le reste de l’espace des mangroves se trouve non intégré dans le plan de zonage de la zone forestière. Il est donc évident que si rien n’est fait, au plan légal et au plan de la réduction du rythme de dégradation, on va évoluer progressivement vers la perte totale de cet important écosystème. La perte estimée est de 50 % pour les États-Unis, et de 90 % pour la Nouvelle-Zélande.
Les pertes à l’échelle mondiale seraient de 50 %. Plus d’un quart des espèces de zones humides sont en danger d’extinction et moins de 20 % des zones humides mondiales sont protégées. Selon le rapport de l’ONU sur la biodiversité, 85 % des zones humides mondiales risquent de disparaitre. De manière générale, on cherche à concilier les activités sociales et économiques avec le maintien durable des équilibres naturels, ce qui n’est plus vécu comme une utopie écologiste, mais souvent comme un devoir civique et éco citoyen dans l’intérêt de tous et des générations à venir, que consacrent la conventions de Ramsar et la Directive cadre européenne sur l’eau.
Elvis Serge NSAA