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Jeunesse camerounaise: Fer de lance de la transition écologique des villes

À l‘occasion de la Journée mondiale de l’habitat 2024, Célestine Ketcha Courtès, Ministre de l’Habitat et du Développement Urbain, a souligné l’importance de de l’engagement des jeunes dans la construction d’un avenir urbain plus durable et résilient face au changement climatique.

Plusieurs initiatives ont à cet effet été mises en place pour encourager cette jeunesse qui représente plus de 64% de la population urbaine.

Les details dans cette interview accordée par le Ministère de l’Habitat et du Développement Urbain.

Le Cameroun, comme de nombreux pays africains, est confronté aux défis posés par l’urbanisation rapide et le changement climatique. Les villes, qui concentrent une part importante de la population et de l’activité économique, sont particulièrement vulnérables aux impacts du réchauffement climatique. C’est pourquoi le gouvernement camerounais fait de la jeunesse un acteur clé de la transition écologique des villes.

La politique urbaine nationale du Cameroun accorde une place centrale à la jeunesse, qui représente plus de 64% de la population urbaine. Le ministère de l’Habitat et du Développement Urbain a mis en place plusieurs initiatives pour encourager l’engagement des jeunes dans la lutte contre le changement climatique. C’est du moins ce qui resort dans cette interview accordée à l’Hebdomadaire “Afrik Environnement”, par le ministère de l’Habitat et du Développement Urbain.

Mireille Siapje

 

Lors du point de presse de lancement de la JMH 2024, Mme le Ministre martelait à ce sujet qu’avec le Président Paul BIYA « Tout se fait avec les jeunes et pour les jeunes ».”

François Ossama, Conseiller Technique N°2, ministère de l’Habitat et du Développement Urbain

 

  1. Intégration des jeunes dans l’élaboration des politiques urbaines, notamment en matière de climat

Je vous remercie tout d’abord pour l’occasion que vous me donnez de parler, au nom de Mme le Ministre Célestine KETCHA COURTES, de l’action du Ministère de l’Habitat et du Développement urbain en faveur des jeunes, alors que nous venons de célébrer la Journée Mondiale de l’Habitat (JMH) qui était précisément consacrée cette année 2024 aux jeunes à travers son thème mondial : « Engager les jeunes pour un avenir urbain meilleur », et le thème national retenu par Mme le Ministre, « Jeunesse camerounaise, acteur clé de la modernisation de nos villes ».

La jeunesse constitue effectivement l’une des cibles prioritaires de la politique urbaine nationale menée par le MINHDU. D’abord, parce qu’elle représente la franche la plus importante de la population urbaine, avec un poids démographique de l’ordre de 64% (les moins de 25 ans), et ensuite dans la mesure où le Chef de l’Etat a toujours mis les jeunes au cœur de ses engagements. Lors du point de presse de lancement de la JMH 2024, Mme le Ministre martelait à ce sujet qu’avec le Président Paul BIYA « Tout se fait avec les jeunes et pour les jeunes ». C’est donc tout naturellement que le MINHDU s’attèle dans ses domaines de compétences, à mettre en œuvre la vision du Chef de l’Etat pour les jeunes.

En outre, les nouvelles orientations stratégiques données par Mme le Ministre insistent sur la prise en compte du défi climat dans les projets urbains. Car, selon le Rapport 2022 sur le Changement climatique du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), les villes sont responsables entre 67 et 72% des émissions mondiales de Gaz à effet de serre. En Afrique, ces émissions urbaines ont cru de 28% to 38% entre 2000 to 2015.

  1. Initiatives spécifiques du MINHDU pour encourager les jeunes à s’engager dans l’action climatique

Au niveau stratégique, l’élaboration de la politique urbaine nationale au Cameroun a été un processus participatif, l’objectif de cette démarche étant de prendre en compte les différentes parties prenantes au développement urbain, dont les femmes, les personnes handicapées, et bien évidement les jeunes. En plus de la prise en compte de la jeunesse, cette politique, sous l’impulsion de Mme le Ministre, s’aligne sur les ODD, notamment l’ODD-11 qui intègre la dimension de la résilience des villes en rapport avec les changements climatiques.

S’agissant des actions importantes visant les jeunes, j’en mentionnerai trois.

Premièrement, le MINHDU a doté plusieurs villes des Centres d’insertion des jeunes (CIJ), véritables instruments de mise en œuvre de l’ingénierie sociale en milieu urbain. Les activités de ces centres sont essentiellement orientées vers l’encadrement des jeunes en difficulté en vue de leur insertion socio-professionnelle et économique. Ces centres se révèlent être un important levier qui est actionné non seulement pour créer des activités économiques contribuant à croissance du PIB, mais aussi pour lutter contre le phénomène d’exclusion favorisant la fracture sociale. Les jeunes bénéficient à cet effet de différentes formations, dont celles portant sur la production de matériaux écologiques comme les pavés à base de plastique, ce qui contribue au recyclage de celui-ci avec un impact positif sur l’environnement.

Deuxièmement, le MINHDU utilise l’approche HIMO dans le cadre de ses projets. Celle-ci fait d’ailleurs l’objet d’une collaboration entre le MINHDU et le Bureau International du Travail (BIT). L’approche HIMO qui est utilisée dans le cadre des travaux C2D du MINHDU (à Maroua, mais également dans d’autres régions comme le Nord-Ouest) favorise l’insertion professionnelle des jeunes, réduisant ainsi le risque de leur récupération par différentes par différents groupes armés. 550 emplois directs pour la ville de Maroua et 250 dans la ville de Bamenda résultent de cette approche HIMO.

Enfin, le MINHDU à travers sa Division de l’Environnement Social Urbain accompagne les Comités de Développement des quartiers qui sont composés à majorité de jeunes, en leur apportant, à chaque exercice budgétaire, des appuis en équipements et matériels d’hygiène et de salubrité. Il convient de se rappeler que les actions d’hygiène et de salubrité ont nécessairement un impact sur l’environnement, et incidemment sur le climat, car les ordures maintenues à l’air libre ou brulés comme c’est souvent le cas, en plus des risques sanitaires, produisent du méthane qui est un Gaz à effet de serre.

  1. Exemples de projets menés par les jeunes

Dans de nombreux quartiers de nos villes, les jeunes prennent eux-mêmes des initiatives pour l’amélioration de leur cadre de vie. Comme nous l’avons souligné précédemment, le MINHDU s’emploie à les organiser en associations et en comités de développement, et à les soutenir pour prendre en charge l’assainissement de leur milieu de vie.

Nous pouvons également noter le Concours international d’idée pour un projet urbain, qui est traditionnellement organisé dans le cadre de la Célébration par le Cameroun de Journée Mondiale de l’Habitat (JMH). De nombreux jeunes, architectes, ingénieurs, artisans, etc. saisissent cette opportunité pour présenter des projets architecturaux ou d’aménagement urbain. Cette année par exemple, plusieurs projets soumis avaient un lien avec le climat et la prévention des catastrophes naturelles.

  1. Conseils aux jeunes pour s’impliquer davantage dans la lutte contre le changement climatique et dans le développement durable de leurs villes

Je leur passerai le message de Mme le Ministre de l’Habitat et du Développement urbain qui appelle à voir dans les défis urbains, non pas seulement des problèmes apparemment insurmontables, mais des opportunités, des niches de création des richesses et des emplois, avec une perspective écologique. Nous pouvons illustrer cet appel de Mme le Ministre aux jeunes des villes avec la question des ordures. Les filières de transformation et valorisation connaîtront un essor remarquable dans les prochaines années. C’est une opportunité à saisir par les jeunes pour lancer des initiatives sur ce terrain. Comme nous l’avons souligné plus haut, il y a concomitamment un enjeu sur l’empreinte carbone des villes dans la mesure où les ordures mal gérés sont une source de production du méthane.

Je pendrais également les usages du numérique en vue d’optimiser la gestion urbaine. Sur une problématique comme la mobilité, cette optimisation permet de réduire les émissions des secteurs comme le transport qui est l’un des principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre, selon les données du GIEC (dans le même temps, le GIEC estime que les villes pourraient réduire en 2050 leurs émissions de 25% si de nouveaux modes et habitudes en matière de transport urbain étaient implémentés). Au MINHDU, nous parlons aujourd’hui de Smart Cities, ou villes intelligentes. Elles représentent en effet un vaste champ de développement des applications numériques pour les villes, qui est ouvert aux jeunes dans les domaines tels que la planification urbaine, les transports, la surveillance de la pollution en milieu urbain, ou la prévention des catastrophes.

Interview réalisée par Mireille Siapje

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