Agriculture Autres pêches et industrie animale

Parc national de Campo-Ma’an : Les pachydermes détruisent les cultures des populations

Le désastre est énorme dans les plantations. Les plaintes se font  au quotidien par les populations des différents villages de l’Arrondissement de Campo.

Dans l’Arrondissement de Campo, les pachydermes sèment la terreur. Il ne se passe plus une journée sans qu’une plantation ne soit complètement dévastée et détruite par des éléphants et des gorilles. Un état des choses qui a poussé les populations à tirer la sonnette d’alarme au regard de la situation désastreuse. Au cours de la double cérémonie de remise du matériel d’appui au Parc national de Campo-Ma’an et de signature du Programme de travail annuel par la société Camvert S.A, elles sont montées au créneau pour exprimer leur mécontentement. C’est le cas de Sa Majesté Obate Akono Paul, Chef du village Nkoelon. « Je vous dis que c’est une catastrophe. Parce que, l’éléphant arrive chez vous, c’est pour tout détruire. Il y a des moments où, les gorilles dans nos plantations. Il a son objectif. Il ouvre le bananier et il prend seulement la moelle de l’intérieur. Quant à l’éléphant, s’il finit de manger les feuilles et tout, le reste, il commence à piétiner pour qu’il n’y ait plus rien par la suite. Ils sont nombreux. Ils viennent par vague trois ou quatre. Il faut dire que la raison pour laquelle, ils viennent dévaster nos plantations, c’est parce qu’ils sont mal nourris en brousse. Ils doivent chercher de quoi manger. C’est aux environs des villages qu’ils doivent se ravitailler. Nous cultivons pour nos enfants, nous-mêmes et pour la vente. Mais, finalement nous nous retrouvons devant ce désastre. Les éléphants détruisent presque tout : le plantain, le manioc et même jusqu’à la patate », s’indigne-t-il. 

A Edoah Mengue Gustave, Notable du village Mintom, d’ajouter : « c’est malheureux pour nous. Puisqu’on a dit que nous devons protéger les éléphants. Cela veut dire que nous les humains, nous ne sommes pas protégés plus que les animaux. Il y a des plantations qui sont détruites entièrement. On parle du droit riverain et on n’arrive pas à en tenir compte. Quand vous venez même porter plainte à la conservation, on te dit fait une plainte. Est-ce que tu peux aller porter plainte à un éléphant ? Est-ce que vous pouvez vous tenir à la barre ensemble avec un animal qui est plus protégé que toi ? Nous ne comprenons pas. Que les ONGs prennent déjà les précautions pour que ces animaux soient bien encadrés. Mais, il faut aussi que l’être humain soit protégé ».

Résolution des conflits homme-faune

Cependant, pour les autorités de l’Arrondissement de Campo, une solution a été déjà trouvée pour apporter une réponse aux plaintes et réclamations récurrentes des populations. « C’est avec beaucoup de plaisir que je préside ce jour, la double cérémonie du matériel d’appui et de signature du programme de travail annuel pour le compte de l’année 2023 entre le Parc national de Campo-Ma’an et la société Camvert. Ces derniers mois, l’actualité dans notre localité a été marquée par les plaintes récurrentes et réclamations des populations sur les dégâts  causés par les pachydermes dans  certains villages privant ainsi de nombreuses familles des retombées de leurs récoltes. Aussitôt dit, aussitôt fait. La cérémonie de ce jour est la réponse aux attentes des populations », a affirmé Françis Bamock, le Sous-Préfet de Campo.

Et de poursuivre : «  mais, elle est surtout la matérialisation du mémorandum d’entente signé le 16 novembre 2021 entre le ministère des Forêts et de la Faune et la Direction Générale de la société Camvert. Au-delà des difficultés ainsi soulevées, nous devons nous rappeler que la Région du Sud toute entière subit les dégâts causés par les pachydermes. Cette situation a amené monsieur le Gouverneur de la région du Sud a présidé en décembre 2022, une séance de travail pour l’élaboration des stratégies pour la résolution des conflits homme-faune. A l’issue de cette réflexion, il a été recommandé aux différents acteurs y compris les agro-industries de s’impliquer dans la résolution des conflits sus-évoqués en collaboration avec les administrations concernées. La double cérémonie de ce jour est donc la matérialisation de la volonté du top management de Camvert de respecter ces engagements. Le type et la qualité de matériel remis ce jour, permet de conclure qu’une nouvelle ère s’ouvre dans la résolution des conflits homme-faune dans notre arrondissement ». Au regard de ce qui précède, les autorités et les populations de l’Arrondissement de Campo félicitent la capacité de réaction optimale de la société Camvert S.A face à la résolution des conflits homme-faune. Il a surtout été demandé aux responsables du Parc national de Campo-Ma’an de prendre toutes les dispositions pour que ce matériel soit bien utilisé et qu’il permette efficacement d’atteindre les objectifs visés.

Catherine Aimée Biloa

Interview

Memvi Abessolo Innocent : « Nous n’avions pas une base de données »

Conservateur du Parc national  de Campo-Ma’an, révèles les difficultés auxquelles ils font face au quotidien et retrace l’essentiel de la coopération entre le Parc et la société Camvert.

Vous avez reçu du matériel pour la résolution des conflits homme-faune dans la localité de Campo. De quoi est constitué ce matériel ?

Le matériel que nous avons reçu aujourd’hui est divisé en trois. Nous avons le matériel de terrain, roulant et de bureau. Nous avons deux motos, les sacs de couchages pour nos séjours en forêts, les Gps pour la navigation, les boussoles, les imprimantes avec de l’encre et un ordinateur. Ce matériel est vraiment utile dans la cadre de nos activités. D’abord le matériel de terrain, nous permet d’accroître notre mobilité que ce soit à l’intérieur du parc ou en dehors du parc. Le matériel tels que les sacs de couchages et les Gps, nous permette en même tant que naviguer en forêt et en même temps collecter les données telles que les signes  que nous rencontrons et nous les enregistrons. C’est à partir de là, que nous produisons des cartes  au bureau. Vous avez vu aussi l’ordinateur et l’imprimante pour transformer ces données collectées sur le terrain en rapport.

Un programme de travail annuel entre le Parc national de Campo-Ma’an et la société Camvert pour l’année 2023. Qu’est-ce qui en ressort ?

Le programme de travail annuel vient simplement transformer le mémorandum d’entente qui avait été signé en 2021. C’est la traduction de façon annuelle des activités qui seront menées dans le cadre de cette collaboration. Dans ces activités, il y a différents groupes  notamment la lutte anti-braconnage, en liaison avec la sensibilisation des populations que ce soit par rapport au braconnage ou à la gestion des conflits homme-faune. Concernant aussi, les conflits homme-faune, il y a une activité qui est vraiment phare, c’est de collecter les données sur le terrain, de cartographier ces données, recenser les personnes qui sont impactées, procéder à des évaluations en collaboration avec la Délégué d’Arrondissement de l’agriculture. C’est une activité vraiment importante dans la gestion des conflits homme-faune. Nous avions constaté que les gens se plaignent. Mais, nous n’avions pas une base de données. C’est à ce moment que nous avions commencé à envoyer des équipes sur le terrain lorsque nous recevons une plainte. Elles identifient la personne qui se plaint, les cultures qui ont été détruites et évaluent sur le plan financier, qu’est-ce que cela peut coûter. Cela nous permet d’avoir toute une base de données concernant les destructions par les animaux au niveau des cultures.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez au quotidien ?

La première difficulté est que les populations n’adhèrent pas facilement à la conservation. Ceci peut s’expliquer par le fait que les populations ont longtemps perçu la conservation comme quelque chose qui vient avec des impacts négatifs uniquement. Lorsque nous parlons des conflits homme-faune, lorsqu’elles trouvent un éléphant qui a dévasté un champ, elles ne peuvent pas être contentes par rapport à la conservation. Il y a aussi des restrictions qui viennent avec la création d’un parc. Par exemple les populations ne peuvent pas mener toutes les activités que nous connaissons, la chasse et l’agriculture à l’intérieur d’un parc. Vous savez que dans la zone forestière, c’est déjà reparti. Même quand vous arrivez dans une forêt, il y a toujours une famille qui va sortir pour vous dire que c’est notre forêt. Donc quand l’Etat arrive et vous dit que cette forêt désormais est un domaine de l’Etat, cela crée des frustrations au sein des communautés. Cela fait que la conservation n’est pas vraiment bien acceptée par les populations. Ce qu’il faut faire, il faut changer le paradigme. Il faut aussi que la conservation  ait un aspect de développement.  Nous voyons un peu ce qui se passe dans d’autres pays où les gens savent que la présence d’un parc rapporte tel ou tel bénéfice.

Présentez-nous le Parc national de Campo-Ma’an ?

Le Parc National de Campo-Ma’an est le noyau dur de la conservation de l’unité technique opérationnelle de Campo-Ma’an. Il a une superficie de plus de 700 mille hectares. Mais le parc à 264 mille 064 hectares. Vous voyez que tout autour du parc, ces sont des agro-industriels. Au niveau du Parc National de Campo-Ma’an, nous avons commencé à travailler dans ce sens-là pour que les populations comprennent que quand on créé un parc, c’est aussi en quelque sorte une réserve foncière. Imaginez que le Parc National de Campo-Ma’an n’existe pas et qu’on dise que toute la zone sera occupée par les agro-industries. Cela change en quelque sorte. Il y a beaucoup de paramètres. C’est pour cela que nous avons dans nos différents programmes de conservation, la sensibilisation et l’éducation à la conservation que les populations comprennent qu’elles se positionnent par rapport à la conservation et avoir des bénéfices.

Interview réalisée par Catherine Aimée Biloa

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