Une économie verte peut être définie comme une économie qui produit un mieux-être humain et assure l’équité sociale, tout en réduisant de manière significative les risques sur l’environnement et les pénuries écologiques. Dans une économie verte, la croissance des revenus et des emplois est déterminée par les investissements privés et publics permettant de réduire les émissions de carbone et la pollution, de renforcer l’efficacité énergétique et des ressources et de prévenir la perte de la biodiversité et des services écosystémiques. Ces investissements doivent être catalysés et soutenus par des dépenses publiques ciblées, des réformes et des modifications des réglementations. Cette voie de développement devrait maintenir, améliorer et, autant que faire se peut, rebâtir le capital naturel comme un atout économique essentiel et une source d’avantages publics, particulièrement pour les personnes démunies dont les moyens de subsistance et la sécurité dépendent fortement de la nature. Malgré ces performances économiques, les pays africains continuent de faire face à la pauvreté persistante, au chômage et au sous- emploi, en particulier parmi la population jeune de plus en plus nombreuse. Dans le même temps, le potentiel de croissance économique future et le développement lui-même sont mis en péril, en raison de la dégradation de l’environnement, du changement climatique, de la désertification, d’autres risques environnementaux et des pénuries de ressources, qui sont induits par des facteurs internes et externes. Le capital naturel, qui constitue une base essentielle de création de richesses subit une pression grandissante au moment où les pays africains doivent répondre à la demande croissante d’eau, de nourriture et de santé ainsi qu’à la nécessité de réduire la pauvreté et de stimuler l’activité économique pour créer des emplois et relever les niveaux de revenus. Le Cameroun en pôle position Dans un souci de réduire la pauvreté et tirer profit de l’économie verte, le pays est appelé à prendre une série de mesures parmi lesquelles : les mesures de soutien aux énergies renouvelables, à la capture et séquestration du carbone, l’efficacité énergétique, les transports publics et ferroviaires, l’amélioration de la transmission du réseau électrique ainsi que d’autres investissements publics et mesures incitatives visant à la protection de l’environnement. L’économie du pays est fortement ancrée sur des ressources naturelles et elle s’efforce de réaliser l’industrialisation, de diversifier son économie et de relever les défis de la pauvreté et de l’emploi. Une voie vers l’économie verte pourrait exiger qu’on prenne des mesures à trois niveaux : Bâtir sur le capital naturel, exploiter les opportunités de croissance industrielle et mettre en place des politiques et institutions d’accompagnement. Premièrement, l’importance économique du patrimoine naturel pour la création de richesses, l’emploi, les moyens d’existence et la réduction de la pauvreté au Cameroun, devrait être reconnue. Le système socioéconomique du pays repose sur ses ressources naturelles. Celles-ci fournissent la base des moyens de subsistance des personnes qui sont démunies et vulnérables, qui dépendent essentiellement de la nature pour survivre. Les actifs du capital naturel supportent la plus grande part de l’industrie touristique et les services connexes, qui deviennent de plus en plus des piliers du commerce extérieur, de la génération de recettes en devises et de la création d’emplois au Cameroun. Deuxièmement, les premiers stades d’industrialisation présentent des opportunités pour un développement industriel soutenu par le déploiement de technologies propres, efficaces et économes. Ces technologies assureraient une plus grande efficacité énergétique et des ressources dans l’exploitation des ressources naturelles, en évitant le gaspillage dans la consommation, des coûts économiques superflus et des risques d’épuisement des ressources. Bien que les exigences technologiques et financières de l’industrialisation verte soient considérables, des indications montrent que les possibilités de réaliser des avancées et des gains importants sont réelles, comme dans le cas de l’industrie africaine de l’aluminium. Enfin, pour assurer la transformation vers l’économie verte, il faudra un ensemble de politiques favorisantes et d’institutions d’accompagnement qui supposent un rôle essentiel de l’État à travers l’investissement public, des politiques fiscales, une réglementation, les marchés publics et la création de marchés aux niveaux national, régional et international ainsi que des mesures propres à favoriser la participation active des acteurs non étatiques.