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Eau non facturée : Le CAMWATER enregistre 37 milliards de pertes chaque année

C’est ce qui ressort du colloque international sur la gestion des sociétés d’eau, tenu du 26 au 27 janvier 2023, à Yaoundé sous le thème : « viabilité financière des sociétés d’eau en Afrique : maîtrise des pertes techniques, commerciales et des fraudes sur le réseau d’eau potable ».

L’eau c’est la vie, le dit-on couramment. Au Cameroun, la CAMWATER est la société chargée de la distribution de l’eau potable. Seulement, chaque année, la société enregistre d’énormes pertes, entraînant ainsi, le ralentissement de l’atteinte de ses objectifs. Face à cela, le ministère de l’Eau et de l’Energie à travers ladite structure, a organisé un colloque afin de débattre et de trouver des axes stratégiques pour réduire de façon considérable les pertes d’eau enregistrées chaque année. Le vendredi, 27 janvier 2023 à l’hôtel Hilton à Yaoundé qui accueille les 50 participants environ, venus du Tchad, du Gabon, du Congo, du Burundi, de Sao Tomé-et-principe et de la Guinée équatoriale pour ne citer que ceux-là.  Au terme des travaux qui ont débuté le 25 janvier, il en ressort que les eaux non facturées sont un enjeu environnemental, financier et social des sociétés d’eau en Afrique ; la sécurité de l’eau est un facteur clé du développement socio politique et économique de l’Afrique et la réduction des eaux non facturée en vue de l’amélioration significative de l’accès à l’eau potable dans les pays africains est un objectif atteignable.

« Par ailleurs, le  partage de bonne pratique en la matière, le management des transitions et la mise à profit des nouvelles technologies sont un atout pour y parvenir. L’Association africaine de l’eau à travers son expertise, ses possibilités et son ouverture au monde, reste un instrument indispensable pour l’accompagnement de ses structures membres vers la réalisation de leurs objectifs », indique Gaston Eloundou Essomba, ministre de l’Eau et de l’Energie. En sus, plusieurs recommandations ont également été fait sur le plan juridique, institutionnel, technique, managérial et financier comme outil et rudiments nécessaires à la maîtrise des eaux non facturées et contribuer par la même occasion à la viabilité financière des sociétés d’eau en Afrique.

Selon le ministre de l’Eau et de l’énergie, la mise en œuvre de toutes ces recommandations qui convergent vers l’amélioration du service public d’eau potable en Afrique et particulièrement au Cameroun, permettra de migrer vers l’atteinte des objectifs de la stratégie nationale de développement du Cameroun à l’horizon 2030. « J’engage monsieur le Directeur général de la CAMWATER à continuer d’implémenter avec toute la hardiesse et le tact dont il est capable, les mesures de lutte contre les pertes dues aux eaux non facturées. Pour ma part, je vous rassure comme par le passé, du soutien total, du gouvernement et de mon engagement à contribuer activement à relever les défis de notre sous-secteur », conclut le MINEE.

Rendement de distribution

En rappel, La Cameroon water utilitiees corporation (CAMWATER) est l’entreprise publique chargée de la production, de la distribution et de la commercialisation de l’eau potable dans le pays.  Sur une capacité installée de 854 590 m3/j, sa capacité opérationnelle est de 686 456 m3/j pour un rendement de distribution de 47% avec un taux de pertes techniques et commerciales de 53%. Autrement dit, sur 100 000 m3 d’eau produite, la CAMWATER ne facture que 47 000 m3. Le reste de la production se perd sur le réseau et donc n’est pas comptabilisée dans les recettes de l’entreprise. Globalement, l’entreprise enregistre une perte en volume d’eau de près de 100 millions m3, soit environ 37 milliards de FCFA. C’est l’ampleur de cette situation qui a conduit le gouvernement camerounais à instruire à la CAMWATER de procéder à la recherche de l’équilibre financier du secteur tout en mettant l’accent sur la rationalisation des charges et l’optimisation des recettes simples de la structure, à travers l’élargissement de la clientèle et l’amélioration du rendement de distribution.

Divine KANANYET

Réactions

Blaise Moussa, Directeur général de la CAMWATER

« Nous allons inverser la tendance »

« Permettez-moi d’abord de remercier le président de la république d’avoir autorisé et soutenu l’organisation de ce colloque qui est une œuvre en partenariat entre CAMWATER et la société africaine de l’eau. Ceci étant dit, c’est toujours un objectif parce que les populations augmentent, les besoins aussi et se diversifient. C’est donc toujours un challenge et on est toujours en train de courir derrière ces objectifs. Mais puisque ces objectifs sont inscrits en tant que vision, en tant qu’élément de politique publique, inscrits dans la stratégie de développement à l’horizon 2030, avec des instructions pour que nous les transcrivions en plans et en activités concrètes, les instruments étant disponibles, les méthodes aussi, la volonté étant là, les moyens relatifs puisque les besoins sont de plus en plus élevés et les ressources sont rares, nous pensons qu’avec cette structuration, cet engagement sur le plan des principes et des valeurs, nous allons vers cet objectif qui est sans cesse concilié. Ce qui est fait pour inverser la tendance des pertes opte sur tout ce qui a été déterminé ici comme facteur clé de succès. Il s’agit de la sectorisation, la digitalisation, les quatre ères, dont l’un est la rapide identification des fuites et leur réparation. Je crois qu’avec cela, et la modernisation des infrastructures, mais aussi la construction d’une infrastructure mentale et morale des populations pour qu’elles adhèrent dans une alliance citoyenne au profit de la solidarité et de l’équité autour de l’eau. Avec cette dernière variable dont nous souhaitons qu’elle devienne une donnée,  nous pourrons atteindre ces objectifs ».

Siméon Kenfack, président de l’Association africaine de l’eau

« Les problèmes liés à l’eau non facturée auront désormais des solutions »

« Nous sommes l’Association africaine de l’eau et de l’assainissement. Notre mandat principal c’est d’accompagner les sociétés membres dans l’amélioration des performances de leurs services. Pour ce qui est du thème de cet atelier, lorsque le Directeur général, de CAMWATER est nouvellement arrivé en poste, il a visité l’association, il a posé les problèmes qu’il estime prioritaire pour la CAMWATER et il s’est trouvé que la question des pertes d’eaux commerciales est sa priorité. Bien heureusement, ces pertes entrent dans un programme que l’association conduit depuis 2012, qui est l’eau non facturée. Il se trouve également que jusqu’ici, nous on n’avait pas organisé un colloque ou un symposium sur cette thématique. Ensemble donc nous avons convenu de l’organiser ici au Cameroun. Nous avons conviés des sociétés d’Afrique centrale et d’autre société en Afrique. Nous sommes heureux de constater que pendant deux jours de discussions, chacune des sociétés, même celles qui pensaient travailler très bien, vont rentrer avec des expériences acquises des autres ».

Koubra Hisseine Itno, Directeur général de la Société tchadienne des eaux

« Nous voulons accompagner la CAMWATER »

« L’Association africaine de l’eau a fait un audit dans les différentes sociétés pour voir les différents problèmes et l’un des problèmes majeur c’est celui de l’eau non facturée. L’Association africaine de l’Eau a dépêché une équipe technique pour assister notre société en 2020. Au Tchad notre société était à 41% de pertes d’eau et actuellement on est redescendu à 27%. C’est vraiment un gain et nous sommes venus pour accompagner notre société sœur CAMWATER car actuellement elle perd beaucoup d’eau comparée à la Société tchadienne des eaux. On est également venu partager notre expérience et accompagner la CAMWATER pour qu’elle trouve également de meilleures solutions dans un bref délai ».

Propos recueillis par Divine KANANYET

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